Nouvelle-Aquitaine, Charente (16)
Vouharte, Église Notre-Dame
Édifice
Église paroissiale Notre-Dame (de Voartâ, 900 ; de Voertâ, 1100 ; Vohartâ, 1273). Anciennement église d’un prieuré bénédictin relevant de l’abbaye de Charroux, reçu vers 900 de Sancia, épouse d’Aymar, comte de Poitiers. Le prieuré perdit sa conventualité au début de la guerre de Cent Ans et fut uni directement vers 1360 à la mense de Charroux.
Cet intéressant édifice, qui est en cours de réparation, se composait, au XIIe s., d’une nef de trois travées inégales couverte en berceau brisé, suivie d’une abside à laquelle on ajouta une chapelle rectangulaire au nord. L’abside fut remplacée dans le premier tiers du XIVe s. par un remarquable chœur carré plus vaste et voûté d’ogives à liernes.
l’extérieur, le gouttereau sud, roman, bien appareillé, est raidi de contreforts plats. Surélevé, il conserve en place les cavets nus de sa corniche disparue. Il est percé à des niveaux légèrement différents par trois étroites baies cintrées sans décor, ébrasées vers le dedans. Le gouttereau nord, aveugle, a été remonté tardivement. La façade du XVIIe ou XVIIIe s., sans caractère, a raccourci la nef d’une travée, sinon plus, de sorte que le portail roman méridional sert maintenant d’issue à un passage public. Ce portail s’ouvre sous un arc en plein cintre à deux rouleaux sur dosserets nus. Le passage orienté nord-sud est scandé par deux autres arcs : le premier, moderne, à l’emplacement du gouttereau nord de la travée ouest disparue, le second, ancien, à l’aplomb du mur nord du clocher.
La nef romane du XIIe s., raccourcie et largement remontée au XVIIe s., comprend intérieurement deux longues travées égales sous berceau brisé de briques enduites, séparées par un doubleau refait qui repose sur deux colonnes engagées à chapiteaux nus à boules d’angles de la fin du XIIe siècle.
Le dernier arc, le plus au nord, est formé par une large porte du XVe s., percée dans le mur bien appareillé du XIIe s. appartenant à la chapelle carrée située au nord de la nef. Ce mur a conservé sa corniche à modillons nus et une partie de fenêtre romane obturée.
La remarquable tour carrée appareillée de la fin du XIe s. est renforcée de hauts contreforts plats. Un arc de soutien à trois puissantes voussures a été percé à la base de son mur occidental. La tour conserve en partie haute, à l’est et à l’ouest, une baie géminée sans archivolte à chapiteaux nus, dont la disposition n’est pas sans rappeler par son dépouillement les vestiges de Charroux. Sur la face nord a été remployée une métope représentant un cheval, malaisément lisible à cause de son faible relief. La corniche à modillons en cavets supporte un petit étage octogonal à une baie par face orientée, qu’encadrent des chapiteaux sculptés sur colonnette. Ce petit étage a été un peu arasé. L’épaisseur de sa paroi laisse supposer qu’il a pu porter une flèche de pierre.
La voûte ogivale à liernes du chœur s’est effondrée au XVIIIe siècle. On lui avait substitué un grossier tillage de bois peint qu’on vient de retirer. La clé ronde, timbrée d’un Agneau sculpté, a été anciennement encastrée dans la paroi nord de la nef. Le mur oriental est percé d’une ample baie brisée à quatre meneaux sous un beau remplage inspiré du chœur voisin de Saint-Amant-de-Boixe et dû sans doute au même atelier. Dans la partie basse du mur, des vestiges de peintures murales gothiques viennent d’être mis au jour. Une autre baie mutilée moins large, jadis à meneau unique sous remplage, éclaire la paroi sud. D’épais contreforts à ressauts épaulent les angles extérieurs. On voit, au-dehors du mur nord, les formerets subsistant d’une chapelle rectangulaire, sans doute voûtée.
Le prieuré, reconstruit au XIIIe s. et remanié au XVe s, existe toujours, fortement amputé, au sud de l’église.
Pour la consolidation du clocher, la reprise des maçonneries hautes de la première travée de la nef et la réfection de sa voûte, la Sauvegarde de l’Art français a accordé 7 500 € en 2004.
Pierre Dubourg-Noves