Grand Est, Aube (10)
Vinets, Église Saint-Memmie
Édifice
Ce site était habité dès l’époque gallo-romaine comme en témoignent de nombreux objets trouvés sur son territoire et conservés au musée de Troyes. Une église paroissiale est attestée au Moyen Age, elle n’a pas laissé de traces et l’édifice actuel date du XVIe s. Elle fut dédiée à saint Memmie ou Menge au XVIIe s., comme l’indique une inscription sur lame de cuivre fixée au mur du chœur : « …le 12-mars, mil six cent, cette église de Vinets a été dédiée par Messire Henry Le Meignen, évêque de Digne en Provence ». L’ église se compose d’une nef unique de deux travées à laquelle succède un faux transept dont seul subsiste le bras nord, le bras sud ayant été démoli en 1793. Au-dessus de la croisée du transept s’élève un clocher massif surmonté d’une flèche couverte en ardoises. La grosse colonne engagée à l’angle sud-ouest de la nef porte à sa base une inscription de 1615, date possible d’une campagne de travaux. A l’est, l’abside à cinq pans est éclairée par des baies à meneau central qui ont conservé d’importants fragments de vitraux du XVIe s., classés Monuments historiques. Deux statues mutilées représentant la Vierge et saint Memmie sont également classées. A l’extérieur, l’église est ceinturée par une corniche à modillons, ceux des angles sont sculptés de figures humaines. La façade occidentale a soi-disant été refaite à l’identique lors d’une restauration en 1897. Sa sécheresse semble pourtant bien loin de la délicatesse Renaissance que devait offrir le porche ancien. Au sud, une tourelle couverte en poivrière renferme l’escalier d ‘accès aux combles. L’ensemble des couvertures est en tuiles plates, à l’exception de la flèche du clocher et du toit de la tourelle, tous deux en ardoise d’Angers. A l’intérieur, la totalité de l’édifice est voûtée sur croisées d’ogives dont la retombée s’effectue sur des piles engagées dans les murs gouttereaux. Les demi-colonnes adossées à ces piles sont surmontées de chapiteaux formant une frise continue où se déroulent des scènes variées : personnages, animaux, feuillages et fruits. D’autres sculptures décorent les clés de voûte ou les nervures avec des têtes d’angelots et des motifs étoilés. A trois reprises, en 1827, 1897 et 1942, d’importants travaux ont été entrepris dans l’église. Ceux du XIXe s. nous sont bien connus grâce aux devis conservés aux Archives départementales de l’Aube. Comme il est indiqué plus haut, la façade ouest a été reconstruite. De nombreuses réfections ont été effectuées dans les maçonneries, les charpentes et les couvert ures. En 1942, à la suite d’un bombardement, il a fallu restaurer d’urgence les couvert ures et quelques pièces de charpente. Actuellement l’état de l’édifice, qui n’est ni classé ni inscrit, est médiocre, hormis la couvert ure. Une humidité importante est visible sur la façade nord. Elle est due en partie à un manque de raccordement des eaux de pluie qui stagnent au pied des maçonneries et à de fâcheuses restaurations des soubassements, .au ciment. Cependant l’ensemble de cet édifice qui a conservé un bel appareillage de pierre justifie une restauration attentive et prudente. La Sauvegarde de l’Art Français a accordé en 1994 une subvention de 100 000 F pour les travaux prévus sur la façade nord, dont la suppression des enduits cimentés.
E. C.