Bourgogne-Franche-Comté, Yonne (89)
Villeneuve-la-Guyard, Église Saint-Germain
Édifice
Dédiée à saint Germain, l’évêque d’Auxerre, l’église se compose d’une large nef, à quatre travées, séparée des bas-côtés par deux files de piles cylindriques. Le chœur, presque aussi long que la nef, est constitué d’une importante travée droite qui précède une abside à cinq pans. Deux petites chapelles latérales, pourvues chacune d’une absidiole hémicirculaire, flanquent la travée droite de chœur ; la chapelle sud est surmontée d’une tour de clocher.
Simple bourg à l’origine, Villeneuve-la-Guyard ne bénéficia véritablement d’un statut de ville qu’avec la remise de lettres patentes en 1546. C’est probablement en raison de l’importance de plus en plus affirmée de ce statut municipal, dès la fin du Moyen Âge et au début de l’époque moderne, que les paroissiens souhaitèrent la reconstruction de leur église, probablement au début du XVIe siècle. Par la suite, les plus importants d’entre eux se firent inhumer à l’intérieur de l’édifice, comme le montre l’épitaphe peinte sur l’une des piles sud de la nef, devant laquelle reposait le cœur de Jean Michel, marchand du lieu, décédé le 30 août 1595.
En dépit de cette reconstruction, une analyse plus poussée du monument permettrait probablement de mettre en évidence, dans le chevet, des parties plus anciennes, partiellement conservées et remontant à la fin du XIIe siècle. On constate, en effet, des différences d’appareil entre la nef et le chœur – y compris le clocher – ainsi que la présence, pour ces dernières parties, d’une corniche à modillons. Par ailleurs, les auteurs du milieu du XIXe s. ont signalé l’existence, à l’intérieur, d’une arcature « romane » ou d’une « arcature à plein cintre du XIIe siècle », le long des murs du chevet. Mais, vers 1860-1870, ces arcatures, constituées de colonnettes surmontées de chapiteaux, furent entièrement refaites lors des travaux entrepris par la fabrique.
Comme beaucoup d’édifices paroissiaux élevés dans l’Île-de-France et ses marges à l’époque flamboyante, la nef adopte une structure halle à trois vaisseaux particulièrement dépouillés. Les rouleaux des grandes arcades retombent sur les piles sans l’intermédiaire de chapiteaux et semblent ainsi pénétrer à l’intérieur de la maçonnerie, alors que de simples petits culots sculptés, placés entre les grandes arcades, portent les nervures de la voûte. Le flanc sud de la nef fut toutefois traité avec un soin particulier ; c’est d’ailleurs de ce côté que l’on ouvrit le portail principal, mélangeant des éléments déjà renaissants avec d’autres de tradition encore médiévale.
La rupture d’une des colonnes de la nef, en 2008, a fait apparaître au cœur du support un matériau particulièrement poreux : des reprises et des confortations pour les piles sud de la nef avaient déjà été effectuées en 1952.
Pour les travaux de restauration concernant les interventions complémentaires sur la tour du clocher, la reprise de la quatrième pile sud de la nef ainsi que celle de la colonne engagée dans le mur ouest du clocher, qui toutes deux ont éclaté, la Sauvegarde de l’Art français a versé un don de 26 000 € en 2010.
Philippe Plagnieux