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C’est par une transition rapide et spectaculaire que les coteaux du Biterrois, méditerranéens et viticoles, laissent place aux ambiances montagnardes des Hauts-Cantons de l’Hérault, qui forment la partie est de la Montagne Noire. Très vite, au nord de Roquebrun on trouve la montagne et la forêt. Vieussan est une commune de la bordure sud des Hauts-Cantons, au bord de l’Orb. Elle possède un vaste territoire, parsemé de hameaux. Parmi ceux-ci, à 500 m d’altitude environ, se trouve celui de Plaussenous. L’ancienne église Sainte-Madeleine de Mounis est à quelque distance du village. C’est un petit édifice au milieu de son cimetière, environné de vergers et de prés, mais aussi d’une forêt jeune, témoin du déclin d’un terroir cultivé.

Le site est très évocateur de la constitution du réseau paroissial rural dans le haut Moyen Âge : une église isolée, desservant un territoire où l’habitat groupé n’est apparu que plus tard. Ici, il ne s’est pas construit comme tant d’autres autour de l’église, mais au col, site sans doute plus favorable, à quelques centaines de mètres de là. Autour de l’église, le cimetière : on sera surpris de lui voir une forme quasi-circulaire. Aymat Catafau, dans son livre sur les celleres du Roussillon, explique que les concessions canoniques autour des églises, destinées au cimetière, étaient ordinairement de trente pas, sauf pour de petits édifices où cette mesure était réduite de moitié. Sainte-Madeleine de Mounis a, de tout temps, été une paroisse, relevant du diocèse de Béziers (archiprêtré de Boussagues). Supprimée au Concordat, elle sera rétablie en 1842, mais l’église, petite, malcommode et éloignée du village, sera abandonnée à partir de 1870 au profit d’une nouvelle (fort modeste au demeurant) construite à Plaussenous.

L’édifice lui-même est on ne peut plus simple : une nef rectangulaire, à chevet plat. On distingue dans la maçonnerie la trace d’un agrandissement, vers l’est, qui a augmenté l’édifice d’un bon tiers. L’ensemble est bâti en schiste brut. On remarquera que dans la partie primitive, il n’existe qu’une seule baie, de petites dimensions, bâtie en tuf de rivière : les quelques pierres qui la constituent sont (comme celles de deux autres de la partie plus récente) les seules pierres travaillées de l’édifice. Il subsiste une petite porte à l’ouest, couverte d’un arc à gouttières, plutôt évocateur d’une période haute (Xe siècle ?), mais il est difficile de se prononcer. La porte méridionale, précédée des restes d’un porche sans doute moderne, a été modifiée et élargie ; mais on y voit un arc de décharge qui peut suggérer l’existence d’une porte autrefois couverte d’un linteau monolithe.

La partie orientale a fait l’objet de peu de percements : le chevet, plat, est aveugle. Deux petites baies, au sud, plus larges que la baie précédente, sont bâties en grès. Elles sont à simple ébrasement vers l’intérieur, et couvertes d’un linteau échancré en forme d’arc.

À l’intérieur, on remarque que la partie agrandie de l’édifice en constitue le sanctuaire, séparé du reste de l’édifice par un arc triomphal en moellons. Cette partie était encore voûtée en 1636, lors d’une visite pastorale de l’évêque Clément de Bonsi ; mais la voûte a aujourd’hui disparu. La nef, elle, est divisée en deux travées par un arc diaphragme appareillé en pierre de taille, portant les pannes. L’ensemble de l’édifice est couvert en lauzes.

Le clocher est une simple arcade, élevée sur le mur occidental, à l’aplomb de la petite porte.

Les travaux qui ont eu lieu ont sauvé cet édifice, qui était ruiné et découvert, et il faut saluer le travail opiniâtre de l’association locale qui porte ce projet depuis de nombreuses années. L’arc triomphal ainsi que l’arc diaphragme ont été reconstruits, les murs parfois relevés pour poser les nouvelles charpente et couverture. Le sol, de pierres brutes, a été dégagé, et l’édifice fermé d’une grille. Pour ces travaux, la Sauvegarde de l’Art français a, en 2002, apporté la somme de 15 245 €.

O.P.

 

Bibliographie :

A. Signoles, « L’ancienne église Sainte-Madeleine de Mounis à Plaussenous, commune de Vieussan », Bulletin de la Société archéologique et historique des Hauts-Cantons de l’Hérault, t. 16, 1993, p. 49-60.

Le projet en images