Vesly, Église Saint-Maurice

Verliacum, Velleium, Verriacum… différents toponymes désignent dans les sources des XI^e et XII^e s. la paroisse de Vesly, vocable dont l’origine sémantique proviendrait du celtique wael, désignant la source ou la fontaine. Ce village du Vexin normand est installé le long de la route de Gisors aux Andelys, son tracé orthogonal étant sans  doute le  fruit d’un défrichement « en arête de poisson », peut-être antérieur au XI^e siècle. Cette paroisse relève du patronage de l’abbaye de Marmoutiers (en Touraine) puis, au moins à partir du XIII^e s., du seigneur du lieu.

L’église Saint-Maurice se situe en retrait et en léger surplomb au-dessus de la rue. Ses dimensions (près de 33 m de longueur, plus de 20 m de hauteur pour le clocher)  en font un édifice impressionnant si l’on se reporte au chiffre modeste de la population paroissiale médiévale, seulement neuf « paroissiens », soit une cinquantaine d’habitants, au XIII^e siècle. De plan cruciforme, elle se compose d’une nef et d’un transept double que vient prolonger un chœur au chevet plat. La forte déviation de l’édifice témoigne, comme bien souvent, de différentes  périodes de construction ou reconstruction. La nef en maçonnerie de petit appareil calcaire lié au mortier remonte vraisemblablement au XI^e ou XII^e s., avec des baies en tiers-point postérieures ;  le pignon ouest et sa porte principale ont été reconstruits en pierre de taille en 1690.

Les bras du double transept, en fait des chapelles, construits en maçonnerie, à contreforts d’angle, ont été ajoutés au XIII^e siècle. Les deux croisillons nord paraissent les plus anciens du fait de leurs baies en plein cintre et de la présence d’une corniche haute à modillons sculptés de grotesques. Un clocher carré à toiture en bâtière surmonte la croisée du transept. Son matériau, une pierre de taille de moyen module, et ses fenêtres aux remplages simples peuvent être datés du XIV^e siècle. Le chœur présente une travée unique se terminant en chevet plat à contreforts peu saillants, avec une petite baie axiale en plein cintre, obstruée, sans doute du XI^e siècle.

L’intérieur comporte une nef  à volume unique et voûte lambrissée. Sa partie orientale  a été  remaniée lors d’une reconstruction partielle du croisillon du faux transept au XVI^e siècle. Le couvrement de ce dernier, sous le clocher, sur croisée d’ogives, repose sur des piliers hexagonaux à larges chapiteaux à décor Renaissance en partie est ; deux arcs-boutants (correspondant aux travaux de la fin du XVII^e siècle ?) situés dans l’intérieur même de la nef  viennent reprendre la poussée du clocher et retomber sur ces piliers hexagonaux.  Les  deux couvrements des croisées de  transept portent sur quatre forts piliers à colonnettes engagées. Les chapiteaux sont à feuillages et certains sont ornés des figures d’Adam et Ève (XIII^e siècle). Le couvrement des bras doubles du transept, de même type, repose sur des consoles. Certaines parties des murs et des voûtes ont reçu au XIX^e s. un décor peint polychrome. La travée unique de chœur, de plan carré, est éclairée par des baies en plein cintre. La voûte sur croisée d’ogives aux tores très épais, caractéristiques d’une structure du milieu du XII^e siècle, est à cet égard remarquable. Les vitraux  datent essentiellement des XIX^e et XX^e s., on notera  l’une des rares  verrières commémoratives de la guerre de 1914-1918 en Haute-Normandie.

Lionel Dumarche