Auvergne-Rhône-Alpes
Charly, Domaine de Melchior Philibert, Vase Médicis
Sculpture
Le vase Médicis du domaine de Charly est une sculpture décorative du parc. Gracieuse, elle représente à merveille ce qu’est le domaine : un lieu d’exception qui ne demande qu’à revivre… Elle était malheureusement très endommagée : une restauration a pu la sauver.
Pour découvrir les travaux de restauration de l’œuvre, télécharger le dossier de présentation ici
Melchior Philibert, mécène et bienfaiteur lyonnais
Né à St-Chamond (Loire) en 1645[1], Melchior Philibert devient rapidement une personnalité importante du paysage lyonnais. Banquier, négociant, il est décrit comme « le plus grand nom du commerce lyonnais à la fin du règne de Louis XIV »[2]. Il est même « anobli malgré lui et sans qu’il le sût, par lettres de Sa Majesté [Louis XV], expédiées en l’année 1722 »[3].
L’œuvre sélectionnée par l’équipe lyonnaise du Plus Grand Musée de France se situe sur un domaine à Charly (69) que Melchior Philibert achète en 1691 et qui s’appelle alors « Clos de l’Haye », construit au XIVe siècle. Avec les années, il agrandit et embellit cette Maison des Champs où il vient se reposer l’été avec ses invités et qui représente un apport financier important grâce aux nombreuses vignes implantées sur les 11 hectares de terrain.
En 1701, il commande au célèbre peintre lyonnais Daniel Sarrabat des peintures à la détrempe pour orner le vestibule de la maison de maître. Melchior Philibert se retire dans sa propriété de Charly pour y passer les dernières années de sa vie. Il y meurt en 1725, à l’âge de quatre-vingts ans[4].
Le Clos de l’Haye : un domaine aux vies multiples
À la mort de Melchior Philibert, le domaine passe dans les mains de Jean Thierry, sculpteur du Roi Louis XIV et du Roi d’Espagne. Au XIXème siècle, la famille Perrachon prend possession du domaine. Mais une descendante de cette dernière famille vendra finalement la propriété en 1978 à la Commune de Charly.
Le domaine, aujourd’hui appelé « Domaine Melchior Philibert », constitue un cadre naturel et historique privilégié. D’une surface de 8 hectares, le parc et les jardins à la française sont accompagnés de statues, vergers et potagers, de bassins d’eau et d’un petit bois. Ces éléments viennent embellir un cadre architectural grandiose : la maison de maître, la serre et l’orangerie, le corps de ferme, la grange, le pavillon et la tour.
Le domaine accueille depuis peu un pôle culturel avec notamment la création d’une salle de spectacle, ainsi qu’un espace de co-working.
Riche d’une histoire de plus de trois siècles, le domaine Melchior Philibert veut (re)vivre. Les acteurs locaux, la municipalité et l’association Charly Patrimoine, font tout leur possible pour entretenir et redonner sa gloire d’antan au domaine. Malheureusement, les intempéries, l’usure du temps et les mousses ont dégradé les éléments du parc, notamment les sculptures en pierre dont certaines sont en grand danger. Il était donc urgent d’aider à restaurer une de ces œuvres et ainsi de s’inscrire dans le projet de restauration et de revalorisation globale du domaine.
Le vase Médicis, rescapé de la bataille du temps
» Notre choix de restauration s’est porté sur une sculpture très endommagée représentant un vase Médicis surmonté de fleurs et de fruits. Le vase est fendu et tient encore grâce à quelques fils de fer, des morceaux de pierre sont manquants. Un nettoyage du piédestal et du vase est nécessaire, ainsi qu’un collage des fragments, un remplacement du goujon, des comblements et retouches et enfin l’application d’un hydrofuge ou oléofuge pour protéger l’œuvre d’éventuelles dégradations postérieures. La DRAC soutient activement notre projet.
Il nous paraît intéressant de restaurer cette œuvre car elle est située sur un petit promontoire – duquel on peut apercevoir le Mont Blanc par temps clair –, délimité par un muret récemment restauré. Ces éléments se situent à proximité de l’entrée du domaine et c’est ainsi l’une des premières choses que l’on peut voir en pénétrant dans l’ancienne propriété de Melchior Philibert. Si les finances nous le permettent, nous aimerions faire mettre en sécurité et nettoyer par des professionnels les autres sculptures du domaine que nous ne pouvons pas restaurer, afin de limiter leur dégradation.
Nous avons été séduits par ce lieu car, outre sa richesse historique exceptionnelle, le projet de revalorisation mené par la municipalité depuis quelques années donne un second souffle à ce domaine situé à seulement quelques minutes de Lyon et pourtant méconnu des lyonnais. Nous souhaitons soutenir cette initiative de renouvellement qui, d’une part, marque un tournant dans la vie de la commune en stimulant la vie culturelle et associative ainsi que son activité économique, et d’autre part, fait connaître aux habitants la richesse du patrimoine qui les entoure. »
Le vernissage de l’oeuvre
Après quelques mois de travail méticuleux, les restaurateurs ont pu dévoiler le vase restauré à une assemblée composée de conservateurs, d’artistes, d’historiens de l’art et de mécènes. Le processus de nettoyage, en particulier, a été impressionnant, révélant des détails et des nuances de couleurs qui étaient auparavant dissimulés sous des années de saleté et de dégradations. L’excitation était palpable dans la salle lorsque le vase, avec ses ornements et ses illustrations revigorés, a été dévoilé. Ce vernissage a souligné l’importance du travail de restauration, non seulement pour préserver l’histoire et l’art, mais aussi pour revitaliser et redécouvrir des trésors qui peuvent être appréciés par les générations futures.
[1] Archives départementales de la Loire
[2] Revue d’histoire moderne et contemporaine / Société d’histoire moderne, juillet -septembre 1988, T.35, p.388 (en ligne sur Gallica)
[3] Notice sur Daniel Sarrabat, p.10 (en ligne sur Gallica)
[4] Archives départementales du Rhône et de la Métropole de Lyon
Pour voir l’œuvre
Domaine Melchior Philibert
Rue de l’Eglise
69390 CHARLY
Coordonnées GPS de l’œuvre :
45° 38’ 50.84’’ N
4° 47’ 50.96’’ E
Projet mené par Roxane Chambon, Eric Sergent, Maud Jézéquel, Laura Chateauneuf, étudiants à Sciences Po Lyon
Pour découvrir les travaux de restauration de l’œuvre, télécharger le dossier de présentation ici