Provence-Alpes-Côte d’Azur, Alpes-de-Haute-Provence (04)
Valensole, Église Saint-Blaise
Édifice
Église paroissiale. l’église de Valensole domine le bourg de sa masse imposante, surprenante pour une simple église paroissiale (longueur : 44 m, largeur : 17 m, hauteur sous voûtes : 25 m environ). Son importance s’explique par le fait qu’elle était le siège d’un prieuré de l’abbaye de Cluny. Valensole se prévaut en effet d’être la patrie de saint Mayeul, son illustre abbé. Une chapelle castrale avait été élevée au Xe s. sur la colline et dédiée à saint Maxime, évêque de Riez, diocèse dont Valensole faisait partie. A la demande du successeur de Mayeul, saint Odilon, l’évêque Almerade reconnut, vers 1010, la libre possession de l’église et du monastère établi auprès d’elle aux moines clunisiens. Saint-Maxime fut remplacée au XIIe s. par une nouvelle église, dédiée à saint Denis. Cette église modeste existe encore, assez malmenée, contre le flanc sud du chœur de la grande église dont elle sert de vestibule vers la « cour du Doyenné». Sous la poussée démographique, la population de Valensole et l’abbé de Cluny s’accordèrent pour construire une nouvelle église de dimensions plus vastes, qui fut placée sous le vocable de saint Blaise.
C’est une construction gothique fort intéressante dans une région qui en présente peu d’exemples. Les chantiers d’Avignon au temps des papes communiquèrent une remarquable impulsion à toute la Provence. Le chœur et le clocher paraissent avoir été élevés au XIVe s. Un accord fut passé en 1322 pour la fonte de quatre cloches, une pour chaque baie du clocher. Deux actes des archives communales, datés de 1346, indiquent que l’on se préoccupait alors de la construction des murs de la nef et des bas-côtés. Le style des chapiteaux à masques et petits feuillages formant frise, le profil des nervures des voûtes du chœur et des bas-côtés concordent avec cette époque. Le chœur se termine . par un austère chevet plat, selon une formule archaïque chère à la région. Celui-ci est percé d’une unique grande baie recoupée par des meneaux. L’église eut à souffrir des guerres de religion, particulièrement le lourd clocher barlong élevé sur le chœur, et qui fut transformé en· forteresse, ce qui lui valut d’être dérasé. En 1583, la municipalité chargea un maître « peyrier» de Forcalquier, Claude Gayon, de construire à l’angle sud-est du chevet, sur le contrefort, un petit clocher pour y placer l’horloge de la ville. En 1910 ce clocheton lézardé fut démoli et l’horloge remontée à la même place, avec son joli campanile en fer forgé du XVIIIe s. Il concourt au pittoresque de la silhouette de l’église. Au XVIIe s., on accola une chapelle de chaque côté de la dernière travée de la nef ; au nord, la chapelle du Rosaire, en 16 40 ; au sud, une chapelle identique, dédiée à saint Joseph, en 1661-1664 . On adopta pour elles les croisées d’ogives du gothique tardif en faveur dans le Midi, surtout dans les constructions monastiques. Au XVIIIe s., d’importants travaux s’avéraient nécessaires ; ils furent sans cesse remis en raison des querelles opposant la commune, l’abbé de Cluny et le sacristain, entre lesquels devaient se répartir les dépenses. En 1786, l’église dut être fermée par mesure de sécurité. Il fallut attendre 1857 pour que fût menée à bien une restauration générale. On lança sur la nef des voûtes d’ogives prétendant imiter celles des bas-côtés, mais en les portant à la même hauteur que celles du chœur, ce qui obligea à exhausser d’environ 4 mètres les murs goutterots et le pignon de la façade, la nef primitive étant plus basse que le sanctuaire. La reprise, alors exécutée à l’économie, n’est pas à la mesure de la beauté des murs en appareil soigné du chevet. L’église abrite un mobilier digne d’intérêt.
Une campagne de restauration générale de l’édifice est en cours, com prenant notamment la mise hors d’eau de la nef et de la chapelle sud. Le Comité d’action du 28 juin 1991 a accordé une subvention de 60 000 F.