Grand Est, Haute-Marne (52)
Val-de-Meuse, Église Saint-Esvre de Provenchères-sur-Meuse
Édifice
Le village de Provenchères est situé dans le Bassigny, à quelques kilomètres au sud des sources de la Meuse. Il apparaît dans l’histoire au XIIe s., à l’occasion de donations faites par le seigneur du lieu à l’abbaye de Morimond. L’église actuelle, de construction homogène (hors la sacris- tie accolée au XVIIIe s. au bras sud du transept) est datable de la deuxième moitié du XVe siècle. Elle est consacrée à saint Èvre, saint lorrain sous le patronage duquel sont pla- cées six paroisses du diocèse de Langres.
L’édifice présente un plan en croix latine composé d’une nef à vaisseau unique de deux travées, d’un transept surmonté du clocher à sa croisée, d’un chœur d’une travée et d’un chevet polygonal.
Les élévations extérieures sont entièrement montées en pierre de taille de grès issu des carrières locales. Un larmier court tout autour de l’édifice, sous l’appui des baies. La corniche aux modillons répétitifs habille à la fois la base des toits et le rampant des pignons de la nef et du transept, dispositif que l’on trouve déjà dans le sud de la Champagne au XIIIe siècle. La tuile plate a remplacé dès le XIXe s. la couverture en lave dont les premiers rangs ont été conservés, tandis que sur le clocher octogonal, l’ardoise a dû détrôner au même moment l’ancienne couverture en bardeaux, désignées locale- ment sous le nom d’ « arciens ». La tourelle d’escalier demi-hors-œuvre, qui donne accès aux combles, est logée dans l’angle de la nef et du bras sud du transept. Deux gargouilles reçoivent l’eau de ses chéneaux. Alors que la masse cubique du clocher n’est munie que d’étroites ouvertures à linteau plat, chœur et transept sont percés de baies en arc brisé, et la nef de baies en plein cintre, ces dernières sans doute dues à des modifi- cations au XVIIIe siècle. Enfin, la porte d’entrée, dont le tympan est orné d’écussons martelés, devait être primitivement protégée par un auvent (plutôt que précédée d’un véritable porche), dont le solin se voit encore sur le mur.
L’intérieur est entièrement voûté, les arcs d’ogives étant directement reçus par les piliers engagés, selon le mode constructif de la fin du Moyen Âge. Le décor sculpté est limité aux clés de voûte, dont l’une représente les outils des tailleurs de pierre, et une autre, au bras sud du transept, sans doute les armoiries de Claude de Longwy, évêque de Langres de 1530 à 1561, ce qui indiquerait que cette partie de l’église ne fut achevée qu’à cette époque. Au XIXe s., l’ensemble des murs et des voûtes furent recouverts de décors peints au pochoir, aujourd’hui fort dégradés.
L’église reçut au début du XVIIIe s. un riche ameublement, à l’initiative de Sébastien Philpin, curé de Provenchères de 1693 à 1710. Son épi- taphe se voit à l’entrée du chœur, surmontée de ses armoiries, que l’on retrouve sur les côtés du retable de l’autel de la Vierge, au tympan orné d’une gracieuse Annonciation. Le retable du maître-autel, malheureu- sement en assez triste état, est attribuable aux mêmes libéralités. Il porte la date de 1713 et appartient à la riche génération de retables produits alors par les ateliers du sud de la Champagne.
Pour participer à la réfection des couvertures de la nef et du chœur, la Sauvegarde de l’Art Français a fait un don de 15 000 € en 2011.
Xavier de Massary