Grand Est, Aube (10)
Val-d’Auzon, Église Saint-Martin-de-Tours
Édifice
Val-d’Auzon, anciennement Auzon-les-Marais, est situé au bord de l’Auzon dans un vallon sur la voie romaine de Troyes à Lesmont et Montier-en-Der. L’église, placée sous le vocable de Saint-Martin, se dresse au centre du village, encore entourée de son cimetière. Sous l’Ancien Régime, Auzon dépendait de l’intendance et de la généralité de Châlons et était le siège d’un prieuré-cure dépendant de l’abbaye Saint-Loup de Troyes.
Cette église est représentative de la grande campagne de reconstruction des églises auboises au début du XVIe siècle. Ces édifices qui ont conservé, pour la plupart, tout ou partie de leurs modestes nefs romanes, se sont vus dotés de transepts et chœurs à la mode du temps.
L’édifice se compose d’une nef de trois travées de la fin du XIe ou du début du XIIe s., prolongée, à l’est, par deux travées Renaissance avec un collatéral au nord et terminée par un chœur du XVIe siècle. La nef, couverte en charpente, est construite en petit appareil sur un soubassement de pierre ; une corniche à modillons court sous sa couverture. l’ouest, elle est épaulée par des contreforts d’angle. Elle est éclairée par quatre fenêtres en plein cintre dont deux, étroites, sont fortement ébrasées. Deux portes, l’une au sud, l’autre au nord donnent accès à la nef. Le vantail de la porte sud, refaite au XVIe s., a conservé ses pentures médiévales. La porte nord, dont les jambages non moulurés, supportant un linteau surmonté d’un arc de décharge, reposent sur des consoles, est contemporaine de la nef romane. En avant de la nef se dresse un porche en bois, couvert en charpente, qui prend appui sur la tour du clocher.
Les deux travées Renaissance et leur collatéral forment l’amorce d’un transept voûté d’ogives à liernes et tiercerons dont la partie sud n’a jamais été élevée, comme le laissent supposer les arcs doubleaux qui pénètrent dans le mur de clôture sud et les fondations mises au jour au XIXe siècle.
Les deux grandes baies vitrées qui ferment l’église Renaissance au sud ont été agrandies au XVIIIe siècle. la même époque, le contrefort qui reçoit les poussées de l’arc doubleau a été abaissé d’un mètre, ce qui a entraîné des désordres dans les maçonneries. La liaison entre la nef romane et le collatéral nord se fait par un passage en biais. Le chœur à trois pans, primitivement couvert par une voûte lambrissée, a reçu, peu de temps après la construction, une voûte sur croisée d’ogive à liernes et tiercerons, refaite en 1849. De larges baies éclairent chœur et transept.
Les verrières de l’abside, consacrées à la vie de saint Martin, ont été réalisées, en 1856-1859, au carmel du Mans et celles des baies du collatéral nord, exécutées en 1879-1880 par les peintres verriers parisiens Erdmann et Kermer, représentent une Résurrection et une Ascension. Les vitraux de la fin du XVe et du début du XVIe s., classés en 1894, ont été remontés dans les deux fenêtres nord. Ils représentent une Annonciation, des scènes des martyres de saint Étienne, saint Sébastien et saint Eustache et une Charité de saint Martin comportant l’image de plusieurs donateurs, en particulier d’Étienne Chevillot et de sa femme Catherine. Ces vitraux historiés sont accompagnés d’éléments d’architecture et de rinceaux en grisailles.
Les modifications apportées à la partie sud de l’édifice à l’époque classique ont déstabilisé la charpente du XVIe s. et entraîné la déformation des maçonneries du chœur.
En 2004, la Sauvegarde de l’Art français a octroyé à la commune une aide de 7 000 € pour la restauration de la charpente, de la couverture et des maçonneries du chœur et du collatéral nord.
Jannie Mayer
Bibliographie :
H. d’Arbois de Jubainville, Répertoire archéologique du département de l’Aube, Paris, 1861, p. 119.
Ch. Fichot, Statistique monumentale du département de l’Aube, t. 2, Troyes, 1888, p. 420-431.
A. Roserot, Dictionnaire historique de la Champagne méridionale (Aube) des origines à 1790, t. 2, Langres, 1942, p. 57.
M. Beau, Essai sur l’architecture religieuse de la Champagne méridionale auboise hors Troyes, 1991, p. 128.
Les vitraux de Champagne-Ardenne, Paris, 1992 (Corpus vitrearum, France. Recensement des vitraux anciens de la France, 4), p. 294-295.