Auvergne-Rhône-Alpes, Ain (01)
Treffort-Cuisiat, Église Notre-Dame-de-l’Assomption
Édifice
Église Notre-Dame de !’Assomption. L’église de Treffort doit son origine à une chapelle destinée aux habitants qui s’étaient établis près du château fort. Cette chapelle fut remplacée par l’église actuelle, qui, si l’on interprète bien les comptes de la châtellenie, fut commencée à la fin du XIIIe s., mais ne put être achevée avant 1304, à cause des guerres féodales. Aux XVe et XVIe s., plusieurs chapelles furent construites en occupant les bas côtés. D’après le procès-verbal de 1613, le prieur de Nantua était bien présentateur de la cure, mais elle avait été unie depuis quatre ou cinq ans à une société de prêtres comportant sept membres. Les sociétaires n’avaient d’autres mai sons que la cure. En 1655, il n’y avait plus que trois sociétaires. Les livres curiaux antérieurs à 1643 avaient brûlé dans l’incendie de la ville, mais l’église elle-même semble avoir été épargnée. En 1613, les chapelles étaient les suivantes : du côté nord, Sainte-Catherine des seigneurs de Seyturier, Saint-Laurent des Venet, Saint-Martin des seigneurs de Cornod, et Tous-les-Saints des seigneurs de Valuisant, plus quatre autels adossés aux piliers. Du côté sud s’ouvraient les chapelles Saint -Georges, du marquis de Treffort, Saint-Jean-Baptiste, des seigneurs de Gorrevod, SaintClaude des Favre, Saint-Paul de Madame de Mollière, Saint-Étienne des Penard, et Saint-Antoine appartenant aussi aux seigneurs de Gorrevod, plus deux autels contre les piliers. Au XIXe s., ces chapelles ont perdu leurs murs de séparation pour permettre le rétablissement des bas-côtés. Le clocher, démoli en grande partie sous la Révolution, fut reconstruit sur l’angle sud de la façade, en 1827-1828. L’église, dans son état actuel, se présente avec une façade ouest gothique, percée d’un portail en tiers-point orné d’un tympan trilobé et de colonnettes à chapiteaux, et flanquée de la tour du clocher de 1827. La nef, couverte d’un « plafond gotique » à croisées d’ogives en bois, de 1839, comprend cinq travées s’ouvrant, par de grands arcs en lancette, sur les bas-côtés. Les voûtes de ceux-ci ont été en grande partie transformées à la fois lors de l’aménagement des chapelles latérales à l’époque gothique, et lors du rétablissement de ces bas-côtés au XIXe siècle. Les piliers sont remarquables, formés de faisceaux de huit colonnettes : quatre fines pour les croisées d’ogives et quatre un peu plus fortes pour les arcs doubleaux et les formerets. Elles font corps avec le noyau central pour former un ensemble très ondulé d’une rare élégance. Les chapiteaux sont ornés de feuillages à crochets, mais il s’y mêle souvent, comme à Nantua, des petites têtes humaines ou animales ; le caractère fruste des ogives qui surmontent ces chapiteaux dans les bas côtés confirme bien la date ancienne de cet ensemble que l’on peut situer à la fin du XIIIe s. ou au début du XIVe. Le chœur, à trois pans, de la même époque, est très élevé par rapport à la nef. Ses fenêtres hautes et étroites sont caractéristiques du premier art gothique local. La croisée d’ogives repose sur des colonnes avec petits chapiteaux. Cette partie de l’église, sans doute construite par le comte de Savoie, remonte vraisemblablement au début du XIVe siècle. Le chœur de cette église a reçu, sous la Révolution, les stalles de l’ancienne chartreuse de Sélignat. De style Louis XIV, elles présentent une série de grands panneaux séparés par des pilastres cannelés à chapiteaux corinthiens et ornés, dans leur partie haute, tantôt de vases sacrés au milieu de décors végétaux et de rinceaux, tantôt de médaillons en bas-relief représentant des épisodes de la vie de saint Bruno, fondateur de l’ordre. Ces scènes sont inspirées des tableaux qu’Eustache Lesueur avait peints, en 1645, pour la chartreuse de Paris, et qui furent gravés, par la suite, par Nicolas Chauveau. C’est à partir de ces gravures que le prieur Dom Gabriel Prenel fit exécuter neuf des vingt-deux scènes originelles, à partir de 1708, par le sculpteur lyonnais Claude Régnier qui travailla à ces boiseries jusqu’en 1724. Il serait aussi l’auteur du Jugement de Diocrès, dont le grand médaillon oblong ornait autre fois le fond de l’église de la chartreuse. Le maître-autel, en marbre polychrome, du XVIIIe s., provient lui aussi de la chartreuse de Sélignat. Les fonts baptismaux en pierre présentent une cuve octogone à décors gothiques. Pour la consolidation des voûtes en pierre, le renfort du collatéral sud et des travaux de charpente et de couverture sur le chœur et la petite chapelle, la Sauvegarde de l’Art français a accordé 100 000 F en 1999.
P.C.