Grand Est, Haute-Marne (52)
Thonnance-lès-Joinville, Église Saint-Didier
Édifice
L’église est dédiée à saint Didier, évêque de Langres, martyrisé à Saint-Dizier au IIIe siècle.
L’agglomération est très ancienne si l’on en juge par les vestiges gallo-romains qu’on y a découverts. C’était une possession de l’évêché de Châlons, citée comme telle dans une charte de Charles le Chauve de 866. Devenue partiellement ou totalement un bien des seigneurs de Joinville, elle revint à l’évêque par un acte de 1218. Sous l’Ancien Régime, la cure était à la nomination de l’évêque.
L’édifice actuel a été entièrement reconstruit à la veille de la Révolution, à partir de 1780. De simples réparations sont d’abord prévues sur la nef. Divers atermoiements dus à la difficulté de financement, au manque de compétence de l’adjudicataire, aux lenteurs administratives aboutirent à l’écroulement de la nef en 1782, puis, faute d’étaiement, à l’écroulement du clocher en 1786 entraînant dans sa chute les vieux collatéraux et une partie du chœur. La nef était déjà en cours de construction dans son état actuel, l’architecte Potertat de Châlons convainquit la communauté de ne pas rétablir le grand clocher avec ses lourds piliers, de le remplacer par une tour de charpente moins coûteuse et de rebâtir le chœur et ses collatéraux dans l’esprit de la nef.
L’église présente donc maintenant un bel ensemble très homogène de ce style néo-classique très répandu dans ce quart nord-est de la France. La façade principale offre un péristyle à l’antique de quatre colonnes de style toscan supportant une corniche à triglyphes et un fronton triangulaire ; de part et d’autre, une fenêtre en plein cintre correspond aux bas-côtés. La nef centrale, couverte d’une voûte surbaissée, est séparée des bas-côtés plafonnés par des piles de six colonnes toscanes sous linteau droit ; le carré du transept est cantonné de colonnes engagées qui supportent le clocher quadrangulaire dont seul l’étage inférieur est maçonné, l’étage du beffroi étant en charpente et surmonté d’une toiture bombée et d’un lanternon. La travée droite du chœur est voûtée comme la nef et séparée de ses bas-côtés par deux colonnes et linteau droit de même style. Au fond, le sanctuaire est à chevet plat et éclairé directement par deux fenêtres en plein cintre. On notera que les passages des bas-côtés de la nef vers les chapelles qui encadrent le chœur se font par des arcs en plein cintre qui renforcent la base du clocher.
Le maître-autel, encadré de quatre colonnes de marbre à chapiteaux corinthiens en forme de baldaquin ouvert, ne manque pas de grandeur et corrige la froideur générale de cet intérieur néo-classique.
Quelques toiles peintes anciennes, une chaire sculptée, quelques sculptures proviennent sans doute de l’édifice disparu.
La Sauvegarde de l’Art français a accordé en 2004 une aide de 1 500 € pour une réfection partielle de la couverture.
Philippe Chapu