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Normandie, Manche (50)
Lamberville, Eglise Saint-Jean-Baptiste, Tableaux du Roi présentant les instruments de la Passion à la Vierge et La Sainte Famille
Mobilier
Dans le cadre de la campagne du Plus Grand Musée de France, vous avez été nombreux à soutenir la restauration de deux tableaux du XVIIe siècle, conservés dans le chœur de l’église Saint-Jean-Baptiste de Lamberville, dans la Manche : La Sainte Famille et Le Roi présentant les instruments de la Passion à la Vierge à l’Enfant.
Inscrites sur la liste supplémentaire des monuments historiques en 1999, ces deux œuvres, malgré un état de conservation inquiétant, présentaient une facture d’une indéniable qualité.
Le soutien du Département de la Manche (50%) et de la Direction Régionale des Affaires Culturelles (20%) a été déterminant dans l’aboutissement de cette restauration très attendue.
Nous remercions en outre les généreux donateurs qui ont, de surcroît, apporté leur soutien à ce projet en participant à la souscription, ainsi que le club de mécènes de la Fondation du Patrimoine de la Manche.
Merci enfin à Catherine de Vos, correspondante de la Sauvegarde pour la Manche, pour l’énergie avec laquelle elle a aidé la méritante commune de 180 habitants à mener à bien cette belle opération.
« Cette opération de restauration est un bel exemple de travail partenarial, qui montre que même dans une si petite commune, il est possible de restaurer son patrimoine. Et grâce à cela, la commune a pu restaurer les tableaux mais aussi leurs cadres, le maître autel, la toiture et une partie de la maçonnerie. »
Elisabeth Marie, Conservatrice déléguée des antiquités et objets d’art
des tableaux à l’origine mystérieuse…
Les deux œuvres auraient peut-être été offertes à la commune par la famille de Siresme de La Ferrière, dont le château, situé tout près de Lamberville, fut détruit en 1944. Ainsi auraient-ils trouvé une seconde vie dans l’église Saint-Jean-Baptiste dont il est possible qu’elle fit office de chapelle au château familial.
Selon Stéphane Loire, conservateur au département des peintures du Louvre, ces toiles pourraient être l’œuvre d’un peintre français du XVIIe siècle, d’une génération postérieure à celle de Simon Vouet (1590-1649) et vraisemblablement contemporain de Charles Le Brun (1619-1690).
La qualité des cadres en bois sculpté, peint et doré, donne à penser qu’elles sont le fruit d’une commande importante, probablement réalisée dans les années 1660 et peut-être liée à la présence à la même époque de Claude Vignon (1593-1670) au château de Torigni-sur-Viré, près de Lamberville.
Le roi présentant les instruments de la passion à la vierge
Située du côté nord du chœur, ce tableau représente le roi revêtu d’un lourd manteau fleurdelisé et bordé d’hermine. Agenouillé, sa couronne et son sceptre déposés devant lui, il présente à la Vierge et à son Enfant les instruments de la Passion.
S’agit-il du Vœu de Louis XIII ? Ou bien serait-ce Louis XIV présentant à la Vierge les Instruments de la Passion ? Stéphane Loire opte pour l’hypothèse selon laquelle le tableau représente saint Louis en souverain régnant, identifiable par la couronne d’épines et les clous de la Passion qui sont ses attributs.
Une iconographie inhabituelle qui s’inscrit dans un contexte historique particulier : celui du rappel par Henri IV, en 1603, des Jésuites partiellement expulsés du royaume de France.
Dans son article Les Jésuites et la dévotion à saint Louis au XVIIe siècle : la célébration du Roi très chrétien, Géraldine Lavieille explique combien les jésuites, soutenus par la monarchie française et néanmoins toujours contestés, notamment par les plus fervents gallicans, propagent le culte de saint Louis, figure miroir du roi Bourbon régnant et nouveau patron du Royaume. Cette iconographie commémore ainsi l’alliance nouée entre la Compagnie de Jésus et la monarchie, justifiant leur intégration au sein du royaume, et glorifie la figure d’un souverain protecteur représenté sous les traits du Roi très chrétien.
la sainte famille
Le tableau de la Sainte Famille orne le côté sud du chœur. L’œuvre représente la Vierge Marie tenant la main de Jésus, tandis que Joseph, un sac sur le dos, attrape le poignet de l’Enfant.
Ce type de composition représentant la Sainte Famille en marche a connu un grand succès au XVIIe siècle où le sujet fut souvent décrit comme une Trinité terrestre, rendant hommage à la Trinité Céleste. Ce tableau pourrait s’inspirer d’une gravure de Bolswert d’après Gérard Seghers. Probablement le sujet est-il un Retour d’Égypte.
Vers une restauration spectaculaire
Les deux tableaux ont subi par le passé une mauvaise restauration qui s’est considérablement dégradée et a profondément affecté les œuvres originales. On ignore s’il s’agit de deux restaurations différentes, car le tableau du Roi présentant les instruments de la Passion à la Vierge semble moins affecté par cette ancienne intervention que son pendant, la Sainte Famille, qui doit faire l’objet d’une consolidation urgente.
La restauration des deux œuvres est donc passée en priorité par une dérestauration complète comprenant la suppression du vernis jauni et l’élimination des couches de papier journal utilisé pour combler les zones lacunaires et recouverts d’épais repeints à l’huile. L’élimination de ces repeints grossiers qui recouvrent une grande partie de la couche picturale dont ils ont considérablement altéré le relief a permis de retrouver une partie de la matière originale.
Une consolidation du support, très fragilisé, boursouflé voire déchiré par endroit, a du être réalisée avec notamment la suppression de l’ancien doublage et une remise sous tension de la toile. Un refixage de la couche picturale a permis ensuite de rétablir la lisibilité des œuvres.
Les toiles désormais restaurées attendent de retrouver leurs cadres en chêne d’origine, en cours de restauration, avant de rejoindre le chœur de l’église Saint-Jean-Baptiste où nous les savons très attendus…