Bretagne, Finistère (29)
Spézet, Église Saint-Pierre
Édifice
Construite sur une hauteur dominant le bourg de Spézet, l’église paroissiale, dédiée à saint Pierre, n’est accessible à l’ouest que par une voie en pente et au sud par deux larges escaliers droits. Sur le territoire de la commune s’élève la chapelle Notre-Dame du Crann, fondée en 1535 et célèbre par un ensemble remarquable de vitraux du xvie siècle. L’église, elle, est plus récente : une inscription sur le dernier pilier sud indique qu’elle a été consacrée en 1719 par l’évêque de Cornouaille François Hyacinthe de Plœuc, après dix ans de travaux. Elle succède à une église ancienne, probablement du XVIe s., voisine d’un ossuaire (qui existe toujours, au sud-ouest, cl. MH) et d’une chapelle Saint-Antoine, qui datait de 1561, au sud-est (en ruine, elle fut démolie au début du XXe siècle). L’édifice du XVIIIe s. donne une impression de froideur architecturale (due à une maçonnerie assez pauvre de moellons, sauf le porche sud et l’encadrement des baies, qui sont en pierre de grand appareil), impression renforcée lorsqu’on pénètre à l’intérieur où l’on est frappé par la sévérité de la construction, bien dans le style du XVIIIe s., et par la hauteur du vaisseau central (12,40 m). Le plan, parfaitement classique, est en forme de croix latine à trois vaisseaux (une nef et deux bas-côtés), transept, abside à trois pans (flanquée de deux sacristies). Le mur pignon occidental porte un clocher à deux balustrades en encorbellement séparant la chambre des cloches de la flèche octogonale, ornée de crochets en pierre et cantonnée de quatre pinacles encadrant des gâbles. Le porche occidental est formé de deux pilastres supportant un entablement surmonté d’un fronton cintré brisé, au-dessus duquel une niche abrite la statue de saint Pierre. Un autre porche, méridional, traditionnel en Bretagne, s’ouvre sur la deuxième travée ; il est couvert d’une charpente lambrissée en berceau.
En dehors de la statuaire, il ne subsiste rien du décor de l’ancienne église. L’ensemble des trois autels avec retables (cl. MH) a été construit par Flamand (peut-être le surnom de Jacques Grooters, sculpteur, peintre et commerçant établi à Quimper) en 1754-1757, et rénové par Antoine Rolland Écosse, maître sculpteur et doreur à Quimper, en 1786-1788. Les retables servent de cadre à trois tableaux (cl. MH) du peintre vannetais Jean-Vincent Lhermitais (1700-1758) : l’Assomption de la Vierge (1754) dans le retable du maître-autel, la Descente de croix (vers 1756) dans le retable nord, et l’Adoration des bergers (1756) dans le retable sud (ce dernier tableau étant peut-être l’œuvre du frère de Jean-Vincent, Pierre-François Lhermitais [1705-1779]). Le mobilier du XVIIIe s. est complété par des stalles dans le chœur ; une chaire à prêcher (1763) [cl. MH] et quatre confessionnaux (1786-1788) [cl. MH] semblent être aussi des œuvres d’Antoine-Rolland Écosse. Quelques éléments antérieurs au XVIIIe s. ont été préservés : du XVIe s., les statues d’un Christ en croix (cl. MH, présenté dans le chœur), d’une Vierge à l’Enfant, de saint Adrien (en costume d’époque, tenant ses entrailles dans ses mains), de saint André, de sainte Marie-Madeleine (cl. MH) ; du XVIIe s. probablement, un bas-relief polychrome dans les fonts baptismaux représente le Baptême du Christ. Quant aux vitraux, ils sont tous du XXe s. et sont l’œuvre des ateliers Rault, de Rennes (Vierge à l’Enfant, 1932) et Lorin, de Chartres (L’Atelier de Nazareth, 1946).
Les archives mentionnent plusieurs campagnes de restauration de l’édifice au XXe s. (1904, 1931, 1959, 1970, 1988). Mais, au début du XXIe s., en raison des graves désordres qui affectaient la charpente (affaissement d’une soixantaine de centimètres à la croisée du transept) et la voûte lambrissée, il a fallu entreprendre d’importants travaux. L’édifice a dû être fermé au public en octobre 2008. L’effondrement de sablières de la croisée en avril 2015 a rendu urgente la restauration de la charpente et de la toiture. Celle-ci, supervisée par Mme de Pontault, architecte en chef des Monuments historiques, a été menée à bien en 2016-2017. La Sauvegarde de l’Art français y a contribué pour une somme de 12 000 €.
Tanguy Daniel
Bibliographie :
H. Diverrès, « Notice sur la commune de Spézet », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, t. XV, 1888, p. 274-282.
Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France, Finistère, Canton Carhaix-Plouguer, Paris, 1969, t. I, p. 75-76, t. II, p. 161-166.
R. Couffon et A. Le Bars, Diocèse de Quimper et de Léon. Nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, 1988, p. 420-421.