Souvigné-sur-Même, Église Saint-Martin

Église Saint-Martin. Souvigné est situé sur un plateau qui s’élève au-dessus de la vallée de l’Huisne et de son affluent la Même. Au Moyen Âge, la seigneurie de Souvigné dépendait de celle de La Ferté-Bernard. L’existence d’une paroisse n’est attestée qu’en 1330, mais elle existait selon toute vraisemblance au moins un siècle auparavant.

L’histoire de l’église a été étudiée dans l’Inventaire topographique du canton de La Ferté-Bernard, publié par le service de l’Inventaire général.

C’est une construction de la fin du Moyen Âge et du premier quart du XVI^e siècle. Elle se compose d’une nef unique terminée par un chevet droit. Hormis les encadrements et les angles qui sont en pierre, elle est construite en moellons enduits. À l’ouest, au-dessus de la première travée de la nef, s’élève un petit clocher de charpente. La façade occidentale est percée d’une porte en anse de panier surbaissée, à double voussure. L’entrée principale, un très élégant portail Renaissance, se situe au sud. L’arc en plein cintre de la porte, cerné par une voussure, repose sur deux pilastres ornés des symboles funéraires habituels, têtes de mort, clepsydres, etc. Il s’inscrit dans un portail rectangulaire en légère saillie dont les étroits piédroits sont coiffés de deux chapiteaux composites : ces piédroits cintrés abritaient des colonnes adossées dont ne subsiste que la base. Le linteau du portail était orné de trois rosettes ; celle de droite a disparu. Aux extrémités du bel entablement qui le coiffe s’élèvent deux candélabres de pierre. Au centre, deux contre-courbes ornées de crosses de fougère délimitent une sorte de tympan, resté vide, mais qui fut peut-être conçu à l’origine pour recevoir des armoiries.

Sur les murs latéraux s’ouvrent des fenêtres à remplages flamboyants : celle du chevet a été condamnée lors de la mise en place du retable.

L’église est particulièrement remarquable par la qualité de son décor intérieur. L’ensemble est couvert d’un lambris de couvrement, celui du chœur, qui a conservé ses couvre-joints, a été restauré en 1898, tandis que celui de la nef a été, à cette époque, complètement refait. Les peintures de l’abside figurent les quatre évangélistes et les quatre docteurs de l’Église latine. À l’entrée du chœur, une poutre de gloire porte la date de 1584 : la Vierge et saint Jean comme le Christ en Croix ont été placés sur des socles sur lesquels sont peints un crâne et des ossements.

L’église conserve des fragments de vitraux du XVI^e s., certains sont attribués à François Delalande (1534). En 1898, le maître verrier Léopold Charles fut chargé d’éclairer la nef en remplaçant certains vitraux, sans doute en très mauvais état, par des grisailles à bordures florales. Les remaniements et remontages effectués au cours du XIX^e s. font actuellement l’objet d’une étude qui devrait permettre une remise en ordre et une présentation plus cohérente des fragments conservés.

Sur le mur latéral sud de la nef, une Crucifixion à haut-relief date du XVI^e siècle. Elle pourrait correspondre à une commande faite à Sainctot Chemin par la fabrique entre 1552 et 1554. Elle avait été enfouie en six blocs dans le sol du cimetière où elle fut découverte en 1876. Sa dépose coïncide peut-être avec la construction du retable en 1701.

De nombreux autres éléments mobiliers ornent l’édifice : les lambris du chœur en bois peint de Germain Garnier (1734), l’autel majeur en bois blanc et or du XVIII^e s. dont le retable a pour peinture l’Ascension de Lemaire (1763), les autels latéraux avec une Vierge à l’Enfant et un saint Sébastien, une chaire à prêcher du XVIII^e s. et deux statues, celle d’un évêque et celle d’un saint Jean-Baptiste.

En 2002, la Sauvegarde de l’Art français a accordé 1 600 € pour le drainage partiel de l’édifice et des travaux de maçonnerie sur les contreforts.

Fr. B.

Bibliographie :

Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Commission régionale Pays de la Loire. Sarthe, 1, Canton La Ferté-Bernard, Paris, 1983, p. 348-349 et 351-358.