Hauts-de-France, Nord (59)
Solre-le-Château, Eglise Saint-Pierre-Saint-Paul
Édifice
Sur toutes les routes de l’Avesnois, dans le Nord, est connu le clocher penché de l’église de Solre-le-Château. Ce magnifique clocher à bulbe, entouré de quatre clochetons, semble saluer les passants en s’inclinant vers la place principale du village. Aujourd’hui en souffrance, cet édifice remarquable au curieux clocher a besoin de votre aide.
L’église Saint-pierre-Saint-Paul, historique d’un édifice classé en 1932…
Édifiée dès le XVe siècle, en pierre bleue de l’Avesnois, à l’emplacement d’un édifice du XIIe s. duquel il ne reste rien, l’église Saint-Pierre-Saint-Paul est reconstruite en 1514, par le seigneur de Solre, Philippe de Lannoy, grâce à la levée d’un impôt sur la bière. Sont alors ajoutés un clocher en pierre et une flèche. Malheureusement, l’église est à nouveau en partie détruite le 10 mai 1611, lors d’un incendie. Le clocher d’alors part en fumée. Sa reconstruction et son agrandissement sont confiés à un architecte belge, Jehan Lecoustre, qui conçoit la nouvelle flèche surmontée d’un bulbe. Même s’il n’est pas sans rappeler les épis de faîtage en verre sur les toits des villages voisins, le clocher-bulbe était loin d’être un élément décoratif. Ce bulbe permettait surtout de surveiller les routes alentours, à 360°, la région étant particulièrement exposée aux invasions.
Lors de cette reconstruction, l’église est dotée d’un deuxième transept, sous forme de deux chapelles : l’une dédiée à saint Jacques et la seconde à sainte Ursule. Moins connue que le premier, cette sainte allemande est arrivée jusqu’à Solre-le-Château car l’évêque de Cologne avait juridiction sur le Hainaut. En 1612, l’église se dote également de la chapelle du Rosaire, suivie en 1627 d’une chapelle dédiée à saint Joseph.
Du XVe siècle reste sans doute l’abside, qui, avec ses voûtes d’arêtes et ses fenêtres de style ogival primitif paraît plus ancien que le reste de l’édifice. Certains des vitraux porte encore la date de 1532.
L’église comporte également un porche ouvert sur trois côtés, servant de passage couvert pour les passants souhaitant aller de la rue principale à l’arrière de l’hôtel de ville, ancienne halle de marché.
… Protégeant de nombreux trésors
Les dimensions et les ornements de l’église impressionnent. Haute de 60 mètres, et longue de 44 mètres, elle est richement dotée, tant en prouesses architecturales qu’en mobilier.
Le nef, longue de quatre travées, est éclairée par des fenêtres qui la surplombent. Un berceau lambrissé, blanchi à la chaux, la couvre à 15 mètres du sol.
Le transept, de style gothique, est long du 23 mètres. La croisée dessine sur la voûte une grande étoile de pierre, non sans rappeler celles du choeur et de l’abside.
Le buffet d’orgue, classé monument historique, provient de l’abbaye voisine de Liessies. Il date du XVIIIe siècle.
Les différents autels sont tous en marbre de la région. Plusieurs retables sont classés Monuments Historiques. Trois d’entre eux sont en marbre : celui du choeur, de la chapelle Saint-Jacques (classé M.H.) et de la chapelle du Rosaire.
Les quatre autres sont en chêne. Ceux du transept sont de style baroque, tandis que ceux de la chapelle Sainte-Ursule et de la chapelle Saint-Joseph sont de style Louis XIII.
Les vitraux de l’abside datent de 1937, et ont été dessinés par Félix Del Marle. La vision de Saint-Jean dépeint les évocations de l’apocalypse. Le maître verrier en a dégagé toute la puissance dans un style net et ferme, avec de grandes figures telles que l’Aigle symbolique, l’agneau mystique, ou l’explosion du monde.
Au centre, c’est la vision de Daniel, avec le Père Eternel et Jésus ressuscité, victorieux sur le mal.
A gauche, la vision d’Ézéchiel montre les morts ressuscitant et retrouvant leur corps. L’exécution de ces trois vitraux a été faite sous le contrôle de la direction des Monuments historiques. Elle avait prescrit leur réalisation par un procédé qui utilise les verres soufflés sans addition d’ombres en peinture. Cela donne une coloration plus puissante et plus variée. Ils ont été financés par une souscription publique.
Les vitraux du transept sont classés depuis 1886. Celui se trouvant côté Sud représente deux scènes de la Passion (Ecce Homo et le Jugement Dernier) et est daté de 1532.
Le mystérieux clocher penché
Reconstruit au XVIIe s., le clocher de l’église Saint-Pierre-Saint-Paul donne à tous l’impression qu’il va tomber d’un instant à l’autre. Ce sentiment est renforcé par les quatre clochetons qui l’entourent qui, eux, sont parfaitement droits.
Si le mystère du clocher penché a été le sujet de quelques légendes, dans lesquelles il est question de diable et de pucelle, il semble plus raisonnablement être la volonté de son constructeur, Jehan Lecoustre, maître-charpentier belge. Il aurait incliné le clocher pour le rendre moins vulnérable aux tempêtes qui viennent presque toujours du sud-ouest. Il a reproduit la même charpente quelques années plus tard à Walcourt, en Belgique.
La commune a besoin de vous !
Une grande campagne de travaux va débuter très bientôt. En effet, cet incroyable édifice a un grand besoin de restauration : l’une des chapelles latérales est en train de perdre son retable en marbre ; les vitraux sont très abîmés et certains comportent des lacunes ; la charpente du clocher ainsi que sa toiture ont besoin de reprises, de vérifications et de remplacements d’éléments. Au total, c’est 700 000€ de travaux nécessaires pour cette commune de moins de 2 000 habitants.