Nouvelle-Aquitaine, Vienne (86)
Scorbé-Clairvaux, Église Saint-Hilaire
Édifice
Mentionnée en 1070 dans le cartulaire de l’abbaye de Cormery, l’église de Scorbé-Clairvaux, placée sous le vocable de saint Hilaire, est un bel édifice de fondation romane dont le plan compte une nef de deux travées précédée d’un auvent, une travée sous clocher au-delà de laquelle se développe le chœur composé d’une travée droite et d’une abside à pans. Deux chapelles viennent enrichir l’ensemble. Cependant construite en pierre de tuffeau, l’église souffre de nombreuses altérations de ses parements. Son imbrication dans le bâti du village nuit à la lisibilité de ses façades.
La construction remonte pour la nef, la partie la plus ancienne conservée, à la fin du XIIe siècle. Le chantier se poursuit au cours du XIIIe s. par la travée sous clocher et la travée droite du chœur. À l’extrême fin du XVe s., une importante chapelle seigneuriale de deux travées et voûtée sur croisées d’ogives est édifiée sur le flanc sud de l’église, ouvrant sur le chœur par deux grandes arcades. Quelques décennies plus tard, l’abside est reprise en trois pans et une chapelle de plus petites dimensions est ajoutée au nord ouvrant sur la travée droite du chœur. Cette construction, soit qu’elle ait repris une structure plus ancienne soit qu’elle ait été réalisée en perçant le mur gouttereau nord, devait fragiliser la pile nord-est de la travée sous clocher, erreur de conception qui explique la réalisation d’un large glacis le long du flanc nord, jouant un rôle de contrefort. Le recours à ce massif remonte à une époque ancienne, peut-être au XVIIe s., quand le clocher nécessita une reprise très importante de sa structure, comme en témoignent ses maçonneries. C’est cette même zone qui actuellement présente des désordres structurels, entraînant une fermeture partielle de l’édifice et un étaiement conservatoire. Enfin l’examen du mur nord témoigne, par la différence de matériaux, d’une surélévation des murs de la nef à une époque ancienne, difficile à préciser, mais liée vraisemblablement au changement de voûtement de celle-ci.
À l’intérieur, si la nef est voûtée en berceau brisé, le chœur l’est sur croisées d’ogives et ses nervures présentent encore un profil assez épais. En revanche, la chapelle seigneuriale au sud témoigne par son élévation et la qualité de ses nervures d’un commanditaire ambitieux, à mettre peut-être en lien avec la construction du château de Clairvaux.
Le poids du clocher qui repose sur les maçonneries sous dimensionnées de la travée sous clocher a engendré de nombreux désordres structurels qui ont contraint à étayer les deux principaux arcs le supportant. Pour la restauration de la maçonnerie du clocher ˗ reprise des fissures, chaînage et création d’un nouveau beffroi ˗ et de sa charpente, la Sauvegarde de l’Art français a accordé une aide de 5000 € en 2012.
Élisabeth Caude