Située à l’ouest d’Arras, à proximité de Saint-Pol, l’église Saint-Martin se signale par un clocher et une flèche de pierre, comme on en trouve aussi dans les villages voisins d’Hermaville, de Habarcq et de Servins : celui de Saint-Martin se distingue par sa silhouette particulièrement élancée.
Incendié en 1544, au cours des longues guerres qui opposèrent Français et Impériaux, l’édifice dut être reconstruit dans les années 1570, mais les travaux traînèrent en longueur en raison de la reprise des hostilités, et l’on attribue généralement aux années 1640 l’achèvement de la tour-clocher occidentale et de sa flèche de pierre.
À nouveau éprouvé par le passage des armées en 1711-1712, l’édifice connut une nouvelle campagne de restauration dans les années 1730, au cours de laquelle furent construites les voûtes de la nef. La dernière campagne importante intervint dans les dernières années du XIXe s., lorsqu’on remplaça le chœur relevé au XVIIIe s. et, dit-on, sans caractère, par un transept et un sanctuaire modernes. C’est à cette époque que disparut le décor du porche, fait de motifs en courbes et contrecourbes, au profit du pignon actuel, simplement triangulaire.
Construite dans la pierre crayeuse locale, l’église doit l’essentiel de son intérêt à son clocher, tour quadrangulaire puissante, mais élégante, couronnée d’une sorte de galerie découverte, établie au pied de la flèche polygonale. Cette galerie, protégée par un parapet, est partiellement en saillie, en particulier aux angles où elle prend appui sur la tête des hauts contreforts qui épaulent les angles du clocher, simulant la présence de bases d’échauguettes. Il s’agit là, sans nul doute, d’un dispositif de défense permettant de faire du clocher un refuge – sommaire, mais bien réel – pour des populations redoutant, à juste titre, les saccages causés par les troupes en campagne.
Cette terrasse entoure la base de la belle flèche polygonale, ajourée et soulignée, sur les arêtes, de cordons chargés d’une succession de crochets sculptés de motifs assez frustes, dans un esprit resté médiéval.
Pour la restauration de la flèche et du chemin de ronde, la Sauvegarde de l’Art Français a accordé une somme de 23 500 € en 2008.
Philippe Seydoux