Nouvelle-Aquitaine, Haute-Vienne (87)
Sauviat-sur-Vige, Église Saint-Martin de Tours
Édifice
L’église de Sauviat, l’ancien Salviacum, dédiée à saint Martin de Tours, n’apparaît dans les textes qu’en 1195, époque à laquelle les chanoines de Saint-Léonard-de-Noblat amplifiaient leur patrimoine. Elle était alors un prieuré-cure dépendant de cette collégiale. Le prieur de ce monastère en nommait les curés. Mais l’origine de l’église, comme le suggère son vocable martinien, remonte probablement à l’époque mérovingienne. Un atelier monétaire a été signalé à Sauviat. Une chapelle rurale dédiée à saint Martin existait dans la paroisse. Elle a été démolie en 1744. En 1564, une communauté de prêtres était chargée du service de l’église. Elle n’existait plus au XVIIIème siècle. A cette époque, il y avait 900 communiants, soit environ 1 200 habitants.
L’édifice actuel date du XIIIème siècle. Il correspond à la période où Sauviat, aux alentours de 1195, fut pris en mains par les chanoines de Saint-Léonard. Mais il a subi de nombreux remaniements jusqu’au XIXème s. et quelques adjonctions. Le plan a la simplicité de nombre d’églises rurales, en Limousin comme ailleurs. C’est un long rectangle (30 m de long sur 6 m de large) sans aucune division. Le chevet plat est éclairé par un triplet formé de baies étroites caractéristiques des environs de 1200 dans la région. D’autres églises relevant du chapitre de Saint-Léonard présentent un chevet plat analogue : Moissannes, Eybouleuf. Le vaisseau est couvert d’une fausse voûte surbaissée en lambris et torchis qui a remplacé dès le XVIIIème s. (restes de plafond daté de 1723, plâtras exécuté en 1843) une voûte en pierre qui était sans doute un berceau brisé semblable à celui encore en place dans l’église voisine de Moissannes. Cette transformation est accusée à l’extérieur par la reprise des parties hautes des murs goutterots de la nef et du chevet ainsi que par les vestiges, visibles sur le mur nord, des baies d’origine ; petites et étroites, elles subsistent en haut de l’ancien parement comme à Eybouleuf; elles ont été bouchées au profit de deux grandes fenêtres ouvertes lors de la suppression de la voûte en berceau. Un portail en cintre brisé ouvre au début de la nef du côté nord, comme à Saint-Léonard. A droite, un enfeu abritait une sépulture. Un gros clocher carré a été monté, à la fin du XVIème ou au XVIIème s., contre la façade occidentale. Il ouvre intérieurement, au rez-de-chaussée, sur la nef par une arcade, mais il est totalement démuni d’accès vers l’extérieur, disposition insolite indiquant qu’il était destiné à servir de défense ou de refuge. Sa toiture « à l’impériale » surmontée d’une flèche polygonale essentée d’ardoises compense par une note pittoresque ce que l’élévation extérieure peut avoir d’ingrat. Une chapelle a été construite vers 1641 (date inscrite sur la clef de la voûte) contre le flanc sud de la nef. Sa croisée d’ogives moulurées d’un tore à filet saillant est un intéressant témoignage des savoureux archaïsmes des constructions rurales de cette période.
L’église abrite deux statues en pierre : une Vierge à l’Enfant (XIVème s.) et un saint Marc (XVème s.) qui sont classées et quelques statues en bois inscrites à l’Inventaire supplémentaire. Elles viendraient de Fourrioux (Creuse), à quelques kilomètres au nord.
La Sauvegarde de l’Art Français a accordé en 1996 une subvention de 30 000 F pour aider au rejointoiement des maçonneries de l’édifice dans son ensemble. La toiture avait été refaite en 1994 -95.
J. T.