Centre-Val de Loire, Cher (18)
Sainte-Thorette, Église Sainte-Thorette
Édifice
Edifice sans prétention, élevé sur la rive droite de la rivière Cher, l’église de Sainte-Thorette, dédiée à une sainte énigmatique (sancta Tauritia dans un acte de 1133) était un prieuré-cure dépendant de l’abbé de Notre-Dame d’Issoudun (Indre).
Elle comprend une nef de trois travées, ouvrant sur un chœur rétréci dans toutes ses dimensions et formé d’une travée droite et d’une abside arrondie. Côté sud, à l’articulation de la nef et du chœur, s’élève une forte tourclocher sur plan carré. L’intérêt principal du monument vient de son voûtement complet : abside en cul-de-four, travée droite en berceau brisé limité par un arc doubleau de même profil faisant office d’arc triomphal, les trois travées de la nef sur croisées d’ogives comme la chapelle latérale aménagée au rez-de-chaussée de la tour.
L’ensemble se rapporte au XIIIe s., avec une légère antériorité pour le sanctuaire dont le cul-de-four et la corniche extérieure portée par des corbeaux à têtes de motifs variés, se souviennent des procédés romans. Dans la nef, les arcs de profil torique, les colonnettes étagées, leurs petits chapiteaux à crochets et leurs bases à becs sont plus récents. Enfin, la chapelle latérale, avec ses arcs de profil prismatique retombant aux angles sur des culots, et l’élévation primitive de la tour sont encore plus avancés dans le XIIIe siècle.
Finesse et régularité caractérisent l’ensemble de la construction, y compris son élévation extérieure.
Les murs sont constitués de moellons soigneusement mis en œuvre et soutenus par des contreforts en pierres d’appareil. Les baies en arc brisé restent étroites et allongées, dans la tradition des petites ouvertures romanes.
L’église de Sainte-Thorette constitue donc une tentative modeste mais fort réussie d’application des nouvelles formules gothiques dans un milieu rural encore imprégné de l’esprit roman. La proximité de la nouvelle cathédrale de Bourges y fut sans doute pour beaucoup.
On doit regretter qu’elle ne soit assurée d’aucune protection juridique. Une restauration aujourd’hui centenaire explique cette lacune : on remplaça un petit porche occidental par un avant-corps à deux niveaux, ouvert sur la nef par une large baie percée dans l’ancien mur de façade ; on suréleva d’un niveau néo-roman la tour-clocher ; on rafraîchit systématiquement l’intérieur par une peinture monotone à faux joints. Ces travaux ne portent pas atteinte à l’essentiel.
La municipalité de Sainte-Thorette, soucieuse de réhabiliter son église, a prévu un important programme de restauration, sous la maîtrise d’œuvre de l’architecte des Bâtiments de France. La première tranche a porté en 1997 sur la réfection des toitures du chœur et de l’abside et sur celle du beffroi (moderne) qui abrite une cloche datée de 1516 et timbrée aux armes de Mathurin de Chauvigny, abbé de Notre-Dame d’Issoudun. La Sauvegarde de l’Art Français y a consacré une subvention de 40 000 F.
J.-Y. R.