Centre-Val de Loire, Loiret (45)
Fontenay-sur-Loing, église Saint-Victorin, Sainte Marguerite
Peinture
Dans le cadre de la campagne du Plus Grand Musée de France, deux étudiantes, Mathilde et Cyrielle , ont récolté 3004 euros pour la restauration de cette sainte Marguerite de la commune de Fontenay-sur-Loing.
À propos de la figure
Ce délicat tableau présente une sainte Marguerite d’Antioche (IVe siècle), dépeinte en buste, de trois quarts. Vêtue d’une robe rose au drapé plissé serrée à la taille par une fine ceinture noire, elle arbore un riche manteau jaune orné de pierreries et de broderies. Tous ses attributs sont présentés sur cette toile : la palme des martyres, l’auréole, la croix, un ravissant collier de perle (« -margarites- » signifie « -perle- » en grec ancien) et le dragon. En effet, l’hagiographie de Marguerite fait état de deux événements majeurs. La première caresse le fantastique : Marguerite aurait été avalée par un dragon, considéré aussi comme une allégorie du paganisme. Elle aurait alors pourfendu la bête démonique de l’intérieur, à l’aide d’une croix en bois. Elle apparaît ainsi comme le pendant féminin de saint Michel et comme l’une des saintes les plus puissantes. Après avoir fait vœu de virginité, elle repousse les avances du gouverneur romain d’Antioche de Pisidie, Olybrius. Elle est jugée pour sa foi chrétienne et refuse de l’abjurer, ce qui la conduit à son martyr : la décapitation.
À propos de l’œuvre
Beaucoup de mystères entoure cette œuvre et rend le projet de restauration d’autant plus fascinant. Elle a été trouvée dans la sacristie de l’église Saint-Victorin, à Fontenay-sur-Loing (Loiret), aux côtés d’un ensemble de 7 tableaux (dont deux datés au dos de 1890). Si l’ensemble est relativement hétérogène dans les factures et les époques, il constitue tout de même un corpus étonnant. À l’heure actuelle, aucune signature connue ne permet d’affilier cette œuvre d’une grande finesse à un artiste en particulier. Néanmoins, le traitement de la sainte et du dragon serait à rapprocher du style nordique ou français. Autre énigme à découvrir grâce à cette campagne : comment ce tableau est arrivé dans l’église Saint-Victorin de Fontenay-sur-Loing ? Contrairement à de nombreux cas où il s’agit d’une commande, nous n’avons, pour l’instant, aucune affirmation. Cependant, quelques pistes sont à approfondir, et cette campagne nous en donne l’opportunité. Consulter les archives a permis de réduire l’intervalle possible de l’arrivée de ce tableau dans l’église.
Jusqu’en 1840, les registres démontrent l’absence de tableaux au sein de l’édifice. En 1841, deux tableaux de quatre à cinq pieds seraient revenus à Saint-Victorin. Les dimensions sont un peu grandes pour la sainte Marguerite mais pourraient correspondre à deux autres toiles retrouvées dans la sacristie : un Jugement dernier et l’Education de la Vierge (fortement inspiré de la composition de Rubens, dans les années 1630 et conservée au Musée des Beaux-Arts d’Anvers) . L’inventaire général de 1851 vante également la beauté d’un maître autel issu de l’école espagnole, qui pourrait être affilié à Alonso Cano. Une photographie argentique de 1967 confirme la présence de notre Sainte Marguerite, accueillant les visiteurs dans une vitrine monstrans située au-dessus de la porte d’entrée. Propriété de l’Etat, elle est forcément arrivée dans l’église avant 1905 (conformément à la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat). Ainsi, nous pouvons avancer que ce tableau a fait son apparition dans l’église entre 1851 et 1905. Il serait intéressant d’étudier plus en profondeur les termes du legs Faffe (1891), grande famille de donateurs, qui ont faits plusieurs dons à la commune à la fin du XIXe siècle. Il nous faudra également consulter l’inventaire après décès des membres de cette famille afin de vérifier si cette œuvre n’était pas en leur possession avant d’être déplacée entre les murs de Saint-Victorin.
La restauration
Le revers de la toile a été assaini, et elle a été remise sous tension pour supprimer les déformations. Le châssis a été remplacé par un nouveau, réglable, et traité contre les insectes du bois. La restauration a permis de refixer la couche picturale sur la toile. Nettoyée, son vernis a été remplacé par un nouveau, après la suppression des précédentes restauration et la restauration nouvelle des lacunes.
Bibliographie
- Archives notariales
- Archives départementales du Loiret
- Archives communales