Normandie, Orne (61)
Saint-Sulpice-sur-Risle, Église Saint-Sulpice
Édifice
Le prieuré de Saint-Sulpice-sur-Risle fut fondé en 1060 par les seigneurs de l’Aigle et donné par eux à l’abbaye de Saint-Laumer de Blois. Il fut rattaché au collège des jésuites d’Orléans en 1619, donation confirmée en 1635, et vendu comme bien national en 1793. Des bâtiments d’habitation subsiste un élégant corps de logis du XVIe siècle.
Le prieuré bénéficia dès sa fondation de nombreux dons, ce qui explique la reconstruction du chœur et de l’abside dans la première moitié du XIIIe siècle. Á l’ouest de l’église du prieuré avait été construite dès le XIIe s. une église paroissiale, les deux bâtiments n’étant séparés que par un passage de quelques mètres. Il semble qu’en 1787, à la demande des membres de la fabrique de l’église paroissiale qui trouvaient leur église trop petite, le mur-pignon est de l’église paroissiale fut abattu et la façade occidentale de l’église priorale supprimée pour permettre la réunion des deux églises : chœur et nef pour cette raison ne sont pas dans le même axe. Deux éléments témoignent encore des constructions antérieures : du côté sud de l’actuelle sacristie, un petit contrefort en pierre de taille de moyen appareil calcaire, terminé en mitre, pourrait être un vestige de l’ancienne église des chanoines du XIe siècle. D’autre part, sur le mur nord de la nef actuelle, les baies en plein cintre à ébrasement intérieur avec arc outrepassé pourraient appartenir à l’église paroissiale primitive du XIIe siècle.
La façade occidentale de l’église actuelle comporte un portail précédé par un avant-porche à cinq pans, construit au XIXe siècle ; elle conserve les traces d’une petite fenêtre romane en partie haute. Une flèche en charpente couverte d’ardoises s’élève sur la première travée de l’église. La nef est éclairée par trois lancettes au nord et trois fenêtres au sud. Dans le prolongement de la nef, le chœur, plus bas et plus étroit, correspond à celui des moines, dont il n’occupe que les deux travées occidentales. Il est séparé de la nef par un mur diaphragme percé d’un grand arc brisé. Ce chœur est éclairé au nord et au sud par deux grandes fenêtres en plein cintre percées au XVIIIe ou au XIXe siècle. Nef et chœur sont couverts d’une charpente à chevrons portant ferme en berceau brisé lambrissé, ornée de motifs peints du XVe ou du XVIe siècle.
La partie orientale du chœur ancien a été convertie en sacristie. Une porte a été ouverte dans le mur sud pour permettre d’accéder au couloir qui sépare l’abside actuelle et la sacristie. Le mur droit du chevet a conservé son triplet, soit une grande lancette centrale et deux lancettes latérales, qui ont permis de dater cette partie du XIIIe siècle.
L’église possède des décors et un mobilier de grand intérêt. Deux vitraux représentant saint Sulpice et saint Laumer ont été datés des années 1225-1250. Ils sont placés dans la nef, mais occupaient primitivement les deux lancettes latérales du mur du chevet. Des peintures murales, datant de la fin du XIVe ou du début du XVe s., selon le restaurateur Pierre Laure, ont été découvertes en 1986 sur les murs nord et ouest de la nef. Elles ont été classées en 1988 ; les travaux se sont poursuivis de 1990 à 1996. Au revers du mur occidental sont représentés la Pentecôte, la Jérusalem céleste, l’Ascension, la Crucifixion, la Descente au Limbes, le Baptême du Christ. Du côté nord ont été identifiés notamment un cortège d’apôtres, la Pêche miraculeuse, etc.
Sur le maître-autel figurent saint Ignace et saint François-Xavier, iconographie correspondant au rattachement du prieuré au collège des jésuites d’Orléans au XVIIe siècle. Les peintures ornant les retables latéraux sont plus tardives.
L’église contient également un bel ensemble de toiles et de statues des XVIIe et XVIIIe s., une tapisserie du début du XVIe s., etc.
Pour restaurer la charpente et la couverture du clocher, la Sauvegarde de l’Art français a accordé une aide de 15 000 € en 2006.
Jean-Pascal Foucher