Saint-Romain-sous-Gourdon, Église Saint-Romain

L’église Saint-Romain est mentionnée au mois de février 1110, dans un accord passé entre l’évêque d’Autun et les moines de Cluny. L’édifice dont le gros œuvre semble dater du début du XII^e s., est très homogène et bien orienté. Il est construit en majorité en pierre de taille de grès. Son plan est simple et classique, à l’instar des églises de la Bourgogne du sud à l’époque romane. Il est composé d’une abside semi-circulaire percée de trois baies, d’une travée droite supportant un clocher carré et d’ une nef très allongée précédée par une façade monumentale. Les seules modifications du parti initial semblent être les deux chapelles latérales, de plan rectangulaire et très étroites ; chacune ouvre sur une face latérale de la nef, dans sa partie la plus occidentale. La façade ouest, ainsi que les chapelles latérales et le dernier étage du clocher, sont les parties les plus soignées de l’édifice; ils sont maçonnés en pierre de taille. Couronnée d’ un pignon et encadrée de deux pilastres, la façade possède un fort beau portail : son linteau nu est encadré par trois voussures aux moulures et billettes puissantes ; deux colonnettes aux chapiteaux sculptés et aux bases moulurées supportent des tailloirs également ornés de billettes. Découpé dans un massif de maçonnerie saillant par rapport au nu extérieur de la façade, il est couronné par une frise d’acanthes puissantes, très esthétique : elle s’inspire manifestement de la composition clunisienne, maintenant détruite, du portail occidental de la grande église abbatiale de Cluny. La nef est couverte d’une charpente apparente très soignée remontant tout au plus au XVII^e siècle. Elle est éclairée par trois baies en plein cintre sur chaque face latérale, percées très haut. La face sud possède également une porte simple couverte d’un linteau en bâtière. La travée droite du clocher, plus étroite que la nef, est simplement renforcée par un contrefort de chaque côté, au droit de sa face est ; elle est éclairée latéralement par deux baies en plein cintre, très élargies après coup. À  l’intérieur, elle s’ouvre par deux arcs en tiers-point à double rouleau ; celui qui donne sur la nef repose sur deux colonnes engagées aux bases attiques et aux chapiteaux sculptés de personnages très frustes, mais très puissants. Cette travée est voûtée d’un berceau à pénétrations latérales permettant l’insertion de deux arcs en plein cintre qui sous-tendent les faces sud et nord du clocher. Le clocher comprend trois étages dont les faces sont toutes identiques. Le premier étage aveugle et fort peu élancé est couronné par un rang de pierres plates légèrement saillantes. Le second, d’un plan plus réduit, est plus haut ; il est simplement percé d’une petite baie centrale sur chaque face, dont l’assise s’appuie sur le couronnement du premier étage. Le troisième étage, souligné par une corniche moulurée, est percé d’une baie géminée par face, dont les retombées centrales s’appuient sur une colonnette au chapiteau lisse. Le couronnement des maçonneries est admirablement traité par une corniche très saillante ornée d’un rang de perles et portée par des modillons moulurés. La disposition de ceux-ci est fort élégante, laissant libres les angles et offrant à la vue toute la saillie de la corniche. L’abside semi-circulaire est cantonnée de deux contreforts amortis en glacis ; elle est couronnée d’une corniche moulurée portée par des corbeaux sculptés de masques et de figures grotesques variés. Les seules modifications apparentes ont consisté en l’élargissement mesuré des baies en plein cintre éclairant l’édifice et en l’ouverture d’une porte dans le mur nord de la nef, dont les profils et l’accolade du linteau indiquent le XV^e siècle. Cet édifice n’a pas hésité à s’enrichir d’un décor sculpté soigné et très adroitement réparti malgré la dureté de la pierre employée qui ne se prête pas aisément à la sculpture. Il fait partie des rares édifices du XII^e s. qui ont conservé la quasi-totalité de leurs dispositions initiales. La Sauvegarde de l’Art français a accordé 120 000 F en 1998, 150 000 F en 1999 pour la réfection des toitures et maçonneries, en souhaitant une correction des indigentes restaurations intérieures des années 1970.

J.-. D. S.