Hauts-de-France, Pas-de-Calais (62)
Saint-Omer, Cathédrale Notre-Dame, Saint-Jean du calvaire
Sculpture
Cette oeuvre a été restaurée dans le cadre de la campagne du Plus Grand Musée de France.
L’oeuvre
La statue de saint Jean est une œuvre en terre-cuite datant du XVIIIe siècle. Elle est conservée dans la cathédrale de Saint-Omer (Pas-de-Calais). Avant sa restauration, l’œuvre se composait de cinq morceaux ; le quatrième bloc et les pieds étaient déposés à proximité.
Peu d’éléments nous permettent malheureusement de retracer l’histoire de cette œuvre et de comprendre sa présence aujourd’hui dans la cathédrale de Saint-Omer. La seule source qui nous renseigne sur l’histoire de cette statue est une carte postale datée de 1914. On sait ainsi que l’œuvre faisait partie d’un ensemble dont seuls subsistent le saint Jean et a priori la Vierge. La carte postale les montre en effet tous deux installés au sein d’un calvaire, placé dans le bas-côté ouest du mur nord du transept nord de la cathédrale. On y voit l’œuvre entière, de même que la Vierge, dont la tête a malheureusement disparu entre temps, avec un monumental Christ en croix, de facture différente, restauré en 2015 et placé dans la chapelle axiale. Un enrochement et la peinture du mur complétaient l’ensemble.
On ignore tout de la date de démontage du calvaire et de la raison pour laquelle les œuvres furent endommagées. Toutefois, l’effondrement de la flèche de la cathédrale en 1949 pourrait avoir touché l’ensemble et entraîné son démantèlement avec une mise de côté peu soigneuse.
Outre son origine inconnue, cette étonnante sculpture surprend par sa grande qualité d’exécution et sa technique. Légèrement plus grande qu’une statue à taille humaine, elle est en terre cuite. Cette technique pour des sculptures de cette dimension n’est guère attestée en Flandres au XVIIIe siècle, où l’on emploie presque exclusivement le bois. La terre cuite est réservée aux études préparatoires ou à certains portraits. Aucune œuvre en terre cuite comparable en termes de date ou de typologie n’a été trouvée dans le Nord/Pas-de-Calais.
On peut la rapprocher de l’art des grands sculpteurs flamands d’Anvers qu’est Artus II Quellinus et de Malines que sont Lucas Faydherbe et, surtout, Rombout Verhulst. C’est au style de ce dernier que se rattache l’œuvre de Saint-Omer, malgré des différences.
On trouve peu d’œuvres en terre cuite similaires exposées dans les musées français ou belges, qui conservent principalement des modelli de scènes religieuses, qui ne sont absolument pas comparables, aussi bien en termes d’échelle que de modelé. La collection de bustes en terre cuite du Rijksmuseum, dus aux sculpteurs flamands ayant travaillé dans la ville, offre la meilleure source de comparaison en raison de la similarité des sujets. En effet, un grand nombre des meilleurs sculpteurs flamands du XVIIe siècle effectuèrent un séjour plus ou moins prolongé à Amsterdam, notamment pour travailler à l’énorme chantier de l’hôtel de ville, actuel Palais Royal.
Bien que le sculpteur nous soit aujourd’hui inconnu, l’œuvre présente une véritable qualité artistique et une très grande finesse d’exécution. Les affres du temps n’ont pas altéré sa force évocatrice. Le visage, très expressif, est d’une beauté toute particulière. Le rendu des yeux donne à saint Jean une grande expressivité. La finesse des traits, la profondeur du regard émeuvent et mettent en exergue l’intensité et l’importance de la scène. On note également la qualité des détails, comme l’ondulation de la chevelure, l’agencement des boucles, et même les drapés du vêtement.
Remarquable et ancrée dans le patrimoine historique de Saint-Omer, cette statue nécessitait une véritable restauration. Abandonnée dans une alcôve de la cathédrale, elle occupe désormais la chapelle axiale du déambulatoire. Ainsi, elle a été rendue aux fidèles et, plus encore aux habitants de Saint-Omer comme aux visiteurs.
L’objet principal de la restauration consistait à atténuer la visibilité de la séparation entre les différents morceaux qui composaient la statue. Des fentes révèlaient la présence ancienne de crampons disparus destinés à tenir l’ensemble. Ils n’étaient pas d’origine et ont été placés à une époque la solidité de l’ensemble posait un problème. Il s’agissait également de remonter les quatrième et cinquième blocs isolés du reste de la statue. La restauration s’est également employée à effacer les graffitis en guise de cheveux, barbe et moustache qui ont été dessinés sur le visage de la statue, ainsi qu’à nettoyer les croûtes noires indurées, qui laissaient supposer que la statue a pu être exposée à l’extérieur.
Cette brillante restauration a été réalisée par Ippoleta Romeo, Audrey Bouchitté et Iony Vecchi, pour la Sté IR. Le socle de la statue est une réalisation de l’entreprise OTP Patrimoine.
Projet mené par Eve de Seguins Pazzis, étudiante à Sciences Po Paris
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