Les plus anciens textes à faire mention de l’église de Saint-Nizier remontent au XIe s. et l’attribuent à l’abbaye de la Chaise-Dieu, comme dépendance de son prieuré de Montfavrey, établi sur le territoire de la paroisse.
L’église romane, construite probablement au cours de la première moitié du XIe s., a été un peu transformée ensuite par l’adjonction, à l’époque gothique, de trois autels ou chapelles latérales. Au début du XVIIe s., l’église semble avoir souffert de la récession qui accompagna les guerres de la conquête de la Bresse par Henri IV ; en 1654, l’archevêque de Lyon, au cours de sa visite, notait : « La coquille du cœur est en bon estat, mais le cœur au dessus duquel est le clocher auroit besoin de réparation, la voute estant crevée et fendue en plusieurs lieux, et l’on nous a dit qu’il a esté mis en cet estat par un coup de foudre. La nef aussy est en mauvais estat pour le lambris qui est tout fracassé et tombe par pièces ».
À la suite de cette visite, les habitants firent reconstruire leur clocher, le prix-fait de la reconstruction de 1668 indique que les toitures latérales à la base étaient couvertes de « lauses » ; la coupole sur trompes primitive fut remplacée par une voûte d’arêtes. Ces importants travaux furent confiés aux « maîtres architectes » bressans Bernard Lacroix et Pierre Redon qui poursuivaient, à la même époque, la construction de la façade et du clocher de Notre-Dame de Bourg-en-Bresse. Au cours du XIXe s., on rétablit le clocher abattu sous la Révolution, on supprima l’auvent qui précédait le portail sans doute depuis l’époque gothique (1851), on construisit le perron, on perça une fenêtre dans le mur nord de la nef (1868), on refit toute la charpente en couvrant le pignon d’une chape de ciment, et on remplaça le carrelage de la nef par un sol en ciment (travaux dirigés par l’architecte Berthelet en 1880). Toutes ces transformations, quoique nombreuses, ne modifièrent pas la structure romane de cette église, mais elles lui firent perdre une partie de son authenticité dans les détails.
Le portail d’entrée, d’une extrême sobriété, est décoré seulement par des colonnettes à chapiteaux romans ornés de feuilles très stylisées et par une archivolte dont la voussure extérieure est décorée d’une frise d’octopétales, comme on en voit dans l’église de Buellas. La nef est assez grande, mesurant environ 20 m de long sur 9,30 m de large. Un premier lambris fut sans doute posé vers la fin du XVIe s. ou le début du XVIIe ; celui que l’on voit actuellement est moderne. La nef n’a jamais été voûtée, comme c’était d’ailleurs la tradition dans les petites églises romanes de la campagne bressane ou dombiste où les charpentes furent laissées apparentes souvent jusqu’au XVIIe s. et même au-delà. La travée de chœur se distingue par ses huit colonnes engagées portant des chapiteaux de feuilles et des arcs à double rouleau, mais on a vu qu’elle a perdu sa coupole sur trompes traditionnelles dès le XVIIe siècle. Cette travée de chœur se distingue donc de celles des autres églises rurales de la Dombes et apparaît en réalité comme la copie, en plus petit, de celle de la célèbre église de Saint-Paul-de-Varax qui lui est voisine. La filiation entre ces deux édifices semble évidente. L’abside semi-circulaire présente une suite de sept arcatures très inégales, les unes aveugles, étroites (50 cm environ), alternent avec les autres beaucoup plus larges (1,30 m), percées de fenêtres en plein cintre. Les chapiteaux des colonnettes sont aussi ornés de motifs végétaux. À l’extérieur, cette abside est agrémentée d’une corniche à modillons.
La sculpture romane réside donc uniquement dans les chapiteaux. Ceux de l’abside et du chœur ont pour thème exclusif la feuille d’eau et un dérivé de la feuille d’acanthe. Les corbeilles en forme de vasques sont surmontées d’abaques ornés de cubes ou de roses à quatre pétales.
La chapelle nord de la nef, longue de deux travées, était placée sous le vocable de Notre-Dame, et abritait, au XVIIe s., la confrérie du Rosaire. Elle appartenait aux seigneurs de Saint-Nizier. On y remarque une piscine gothique et des culots ornés de feuillages et d’un écusson dont la partie dextre montre les armes de la famille de Chalamont. Près de cette chapelle, contre l’arc d’entrée du chœur, se trouvait autrefois (1610) l’autel Saint-Antoine. Au milieu du mur sud s’ouvre la chapelle Saint-André fondée par la famille Archier et ensuite dédiée à saint Sébastien, comme l’apprend la visite de 1654. Les deux chapelles nord et sud possédaient encore au milieu du XIXe s. « des restants de beaux vitraux ».
Parmi le mobilier, on remarque des fonts baptismaux octogones à décors gothiques et écusson fleurdelisé et un bénitier circulaire peut-être roman. On voyait encore au début du XXe s., une ancienne statue de saint Claude, une autre de saint Roch et une autre encore, assez grossière, de saint Denis.
La Sauvegarde de l’Art français a accordé 22 867 € en 2001 pour des travaux de maçonnerie et de couverture.
P. C.
Bibliographie :
Arch. dép. Ain, B 232 (1668) ; série O.
Arch. dép. Ain, Bibl., Mss : manuscrit Bazin, v. 1858.
J.-Fr. Reynaud, Les églises romanes de l’ancien diocèse de Lyon, “a parte imperii”, thèse de doctorat, 1967, p. 268-271.
P. Perceveaux, « Retour en Dombes, 3e étape : Dombes du nord-est, terre romane », Visages de l’Ain, 22e année, 1969, n° 105, p. 14-16.
J.-C. Collet, Les églises romanes de la Dombes, Trévoux, 1978, p. 118-119.
Richesses touristiques et archéologiques du canton de Chalamont, Bourg-en-Bresse, 1987 (Ain, Pré-inventaire des monuments et richesses d’art), p. 156-160 (L. Perret).