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CHAPELLE Saint-Grégoire du Thyl. Dès la préhistoire, la vallée de l’Arve a été un lieu de passage très fréquenté pour le franchissement des Alpes. Puis elle est  devenue chrétienne et un nouveau flux de voyageurs, des pèlerins en route vers l’Italie, vont y faire halte dans l’urbs Maurienna, attirés par la relique de saint Jean-Baptiste qu’une pieuse femme de la vallée a rapportée d’Orient. Les faits ont été relatés par Grégoire de Tours ainsi que la création par le roi Gontran d’un évêché, suffragant de Vienne, dans la seconde moitié du VIe siècle.

Les pèlerins qui se rendaient ensuite à Turin avaient le choix entre deux itinéraires : le col du Mont-Cenis ou celui du Mont-Genèvre par Briançon. La bifurcation se faisait à Saint-Michel-de­ Maurienne, commune à laquelle est associée celle du Thyl­Dessous (cent habitants)  où  se situe la chapelle Saint-Grégoire. De dimensions relativement importantes, elle forme un plan rectangulaire de 10,20 m de long sur 5,55 m de large. L’édifice offre la singularité d’être occidenté, l’entrée s’opérant à l’est ; à l’opposé, l’autel est adossé au mur occidental. Trois fenêtres percées dans la façade sud assurent l’éclairage. Dominant en léger retrait la façade est, un clocher carré surmonté  d’un  toit pyramidal s’élève à quatre mètres de hauteur. Sur chacune des faces, une ouverture en plein cintre laisse apercevoir une cloche qui porte la date de 1707.

De nombreuses chapelles disséminées sur les  pentes  des  vallées  alpestres  ont été édifiées au cours des  XVIIe  et XVIIIe siècles ; il est possible cependant que celle du Thyl soit plus ancienne. Une statue en bois polychrome de saint Jean­ Baptiste, conservée dans une niche du chœur, serait datée du XVIe siècle  ;  son   vis-à-vis,   un    saint    Sébastien du XVIIe siècle, offre l’originalité iconographique d’être barbu. Ces modestes lieux de culte montagnards possèdent fréquemment un mobilier et un décor savoureux.

La piété populaire y est perceptible dans son attachement à des formes ou des détails abandonnés dans de plus grands centres. Deux peintures du XVIIIe s., conservées dans la chapelle Saint-Grégoire, représentent le même sujet : la messe de saint Grégoire. Leur intérêt artistique est médiocre, mais non l’indication historique que nous fournit l’un des deux : il conserve l’iconographie de l’apparition du « Christ piteux », très populaire aux XVe et XVIe s., mais qui disparaît ensuite.

Le décor peint des murs intérieurs et de la voûte en litage de bois revêtu de plâtre ne manque pas d’intérêt. Ses motifs géométriques composent des panneau x et des architectures en trompe-l’œil, arcs doubleaux, voûtains, coupole à pendentifs dans la partie du chœur. Sur le mur nord, une fausse fenêtre a été peinte en vis-à­ vis d’une vraie fenêtre ouverte sur le mur sud.

Un grand  retable en bois peint du XVIIe s., adossé  au  mur  du fond, complète le mobilier liturgique. La peinture du centre représente la Vierge et l’Enfant entourés  de saint Sébastien  et de saint Roch. De part et d’autre du retable, deux niches dans le mur abritent les statues de saint Jean-Baptiste et de saint

Sébastien, déjà mentionnées. L’autel-tombeau, sous le retable en bois sculpté et peint, montre sur sa face principale trois médaillons. Le saint représenté sur celui de droite semble être saint Antoine avec son tau. Il semble que tous les saints représentés dans la chapelle du Thyl soient des saints auxiliateurs, protecteurs contre certaines maladies.

Les habitants de la commune ont créé une Association de Sauvegarde du patrimoine du Thyl qui, en 1996 et 1997, a entrepris des travaux urgents d’étanchéité sur les toitures et autour du clocher. En 2000, un drainage du mur amont a été réalisé, mais il faut encore consolider la charpente de la voûte, reprendre certaines maçonneries et crépir les façades extérieures. Afin de soutenir l’important effort de la Société de Sauvegarde du patrimoine du Thyl, 6 098 € ont été versés  par la Sauvegarde de l’Art français en 2000.

É. C.

 

Le projet en images