De fondation romane, l’église de Saint-Maurice-lès-Charencey, placée sous le vocable de saint Maurice, a été remaniée à la fin du Moyen Âge puis profondément reprise au XIXe siècle. Elle se compose d’une nef de quatre travées se terminant par une abside semi-circulaire. Ce vaisseau constitue la partie la plus ancienne de l’édifice sur laquelle sont venus se greffer au nord plusieurs éléments. L’édifice est en effet flanqué sur cette face d’un bas-côté ouvrant sur la nef par une série de grandes arcades au profil brisé. Ce collatéral, dont la première travée sert de base au clocher, débouche sur le bras nord d’un transept dont seule cette partie a été réalisée ou subsiste. Sa construction est vraisemblablement antérieure à celle du bas-côté, comme tendrait à le prouver, grâce à l’examen attentif de la charpente, la présence d’un ancien arêtier de noue, visible sous l’actuelle couverture. Sous la Restauration, la façade occidentale de l’église a été reprise dans sa totalité ; le clocher actuel, vraisemblablement édifié à la place d’un autre, plus ancien, appartient à cette même campagne de travaux qui peut être datée de 1821 d’après une inscription insérée dans le mur-pignon. Enfin une sacristie a été édifiée tardivement à l’angle nord-est de l’édifice contre l’abside et le bras du transept.
Construite en moellons recouverts dans certaines parties d’un enduit à la chaux ancien, dans d’autres d’enduit à base de liant hydraulique tout à fait disgracieux et, à terme, source de dégradations, elle repose sur un soubassement en partie mis au jour au moment des travaux de la façade occidentale. Sa couverture actuelle, d’ardoises, ne semble pas d’origine : l’église était autrefois couverte de tuiles plates.
Plusieurs types de baies témoignent des interventions successives dans l’édifice : le chœur conserve trois exemplaires de petites baies en plein cintre appareillées en pierre de grison, dont deux ont été partiellement murées au moment de l’installation du grand maître-autel et retable du chœur. La facture des autres baies percées dans le mur sud, de profil brisé et aux encadrements de briques, témoigne des travaux du XIXe siècle. Quant aux pierres et aux réseaux de calcaire de la grande fenêtre, de belle qualité, au remplage flamboyant qui éclaire le bras nord du transept, ils présentent des altérations inquiétantes.
Si l’extérieur de l’église ne retient guère l’attention – ses abords non aménagés et assez disgracieux y contribuent -, l’intérieur, lui, présente un riche et intéressant décor. En effet, la nef est couverte d’une belle voûte en charpente lambrissée de haut volume et au profil brisé dont la totalité de la surface est dotée d’un décor peint au pochoir avec des rehauts de rouge, gris-bleu, noir. Poinçons et entraits sont sculptés et peints. Des têtes engoulantes armoriées décorent les parties centrales des entraits. La voûte du chœur présente un décor de rinceaux bleus, particulièrement soigné, probablement repris au XIXe s., mais de grande qualité décorative. Le chœur est occupé par un important maître-autel à retable, à trois pans, qui n’épouse donc pas l’arrondi de la maçonnerie et qui dissimule les poteaux de la charpente décorés de pilastres ioniques. Le panneau central, couronné d’un fronton brisé, est encadré de panneaux latéraux à frontons triangulaires. Niches, pilastres à chapiteaux corinthiens et obélisques complètent cette production. Le collatéral est lui aussi couvert d’une voûte lambrissée à décor peint de bandes rouges, gris-bleu ainsi que noires et à festons blancs et motifs végétaux .
Pour des travaux de maçonnerie, de charpente et de couverture, la Sauvegarde de l’Art français a accordé une subvention de 18 294 € en 2001.
É. G.-C.