Bourgogne-Franche-Comté, Saône-et-Loire (71)
Saint-Martin-du-Tartre, Église Saint-Martin
Édifice
Le petit village de Saint-Martin est situé à flanc de colline, à 5 km de la ville médiévale de Saint-Gengoux-le-National, autrefois Le-Royal. En ce lieu où la présence romaine est attestée, l’église Saint-Martin, bien orientée, remonte d’après ses caractéristiques architecturales les plus anciennes, à la seconde moitié du XIe siècle. Elle est composée d’une nef unique précédée par un porche ouvert ou « chapiteau », d’une travée droite de chœur surmontée d’ un puissant clocher et d’un chœur au chevet plat. En se référant aux caractéristiques connues des très nombreux édifices du XIe s. conservés en Bourgogne du sud, on peut affirmer que le plan de l’édifice initial n’a été seulement modifié que par la reconstruction du chœur. Vraisemblablement l’édifice était terminé par une grande abside circulaire percée de trois baies. La nef, très sobre, a une façade ouest en pignon seulement percée d’une porte en plein cintre, sans aucune modénature ni linteau, et d’une fenêtre très haute et étroite. Ses façades latérales conservent encore les trois baies romanes de l’ordonnance première, dont les arcs en plein cintre ébrasés sont placés juste sous la naissance du comble. L’abaissement des murs gouttereaux a dû intervenir lorsque la toiture primitive, à faible pente et en tuile creuse, a été remplacée par une toiture en lave (pierres plates en calcaire posées en tas de charge) ; la couverture est maintenant en tuile plate. Les baies du mur nord éclairent encore la nef, alors que celles du sud ont été murées et remplacées successivement par une baie gothique et par deux baies classiques. La face sud comportait également une porte, maintenant murée. Le soin tout particulier apporté par les constructeurs à la maçonnerie de petites pierres calcaires aux assises régulières est bien représentatif de l’évolution de l’art de bâtir des constructeurs romans à l’époque où l’abbaye de Cluny entreprenait la reconstruction de l’église abbatiale en 1088. Dépourvue de contreforts latéraux, la nef n’a sans doute jamais été voûtée, mais devait être plafonnée, comme elle l’est aujourd’hui. Le petit porche, ajouté postérieurement, est porté par deux massifs de maçonnerie où sont insérées en partie basse des dalles servant de bancs. La travée droite du chœur, portant le clocher, est voûtée d’une coupole octogonale sur trompes, portée par quatre arcs puissants en plein cintre. Les deux arcs latéraux s’appuient sur les murs goutterots nord et sud, chacun percé d’une baie en plein cintre ; celle du sud a été mutilée et remplacée par une baie classique. Les deux arcs transversaux ont été renforcés par l’adjonction de deux arcs étroits, au profil brisé amorti par des tailloirs. Au nord, un très puissant contrefort extérieur a contenu le déversement des maçonneries de l’église qui tendaient à suivre la pente du terrain. Le clocher est à deux étages. Le premier, aveugle, semble contemporain de la première campagne de construction : il est encadré par des contrefort s d’angle plats, appelés lésènes et terminé par une mince corniche portée par des modillons sculptés. Le second niveau est d’un plan plus réduit dépourvu de modénature, il est percé sur chaque face par une baie géminée dont la retombée centrale est portée par une colon nette simple datable de la deuxième moitié du XIIIe s. d’après ses profils. La flèche pyramidale, bâtie en petite s assises de pierres, a un profil élancé ; elle semble contemporaine de l’étage qui la soutient. Le chœur, formé de deux travées voûtées en berceau légèrement brisé, est renforcé par plusieurs contreforts à ressaut et glacis ; il est seulement éclairé par deux baies jumelles en tiers-point profondément ébrasées et placées dans l’axe du pignon oriental. Il est couvert en laves et semble appartenir à la deuxième moitié du XIIIe siècle. La tradition romane fortement ancrée sur l’ensemble du territoire du Clunisois est, sur le chantier de Saint-Martin-du-Tartre, bien présente. L’édifice roman menaçait ruine au début de l’époque gothique ; les réparations lui ont conservé en grande partie son unité de style et de mise en œuvre. Pour des questions d’économies, les toitures en lave se sont substituées aux toitures en tuile. Seul le développement du plan du chœur et ses baies axiales furent exécutés suivant les critères stylistiques gothiques. La Sauvegarde de l’Art français a accordé une aide de 120 000 F en 1998 et de 80 000 F en 1999 pour la réfection du chœur et de ses toitures en laves, ainsi que des toitures de la nef et du porche.
J.-D. S.