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L’église Saint-Barthélemy dépendait de la commanderie des Templiers d’Argenteins, comme l’attestent plusieurs actes du XIIIe s., le premier en date de 1246. La prospérité de l’établissement culmine dans la première moitié du XIVe s., et la donation faite aux Templiers par le chevalier Bernard de Rovinhan en 1271 dut y contribuer. Une transaction de 1281 avec un seigneur revendicatif fait ressortir quelques aspects des richesses détenues par la commanderie : forge, vente de vin, etc. Le passage aux mains des Hospitaliers (toujours sous la dépendance de la commanderie d’Argenteins), à l’issue du concile de Vienne en 1311, ne freine pas cet essor. De cette époque datent d’ailleurs d’importantes transformations visant à agrandir l’église.

Saint-Léon, en revanche, eut fort à souffrir de la guerre de Cent Ans, comme le laisse deviner sa situation particulièrement vulnérable, sur l’une des lignes de contact les plus tendues du conflit franco-anglais et, de surcroît, à quelques kilomètres du sérieux enjeu militaire que représentait la bastide de Damazan. Encore en 1473, la paix officiellement revenue, les consuls de Damazan se mettent en tête d’envahir Saint-Léon. Il est vrai que les Hospitaliers possédaient des biens non négligeables dans ce bourg (notamment des magasins de céréales). Puis la commanderie, rattachée à ses sœurs de Caubins et Morlaas en Béarn dès la première moitié du XVIe s., devra affronter les guerres de Religion, elles aussi très destructrices. La confiscation des biens des chevaliers de Malte en 1790  fera de l’église Saint-Barthélemy une simple église paroissiale.

Celle-ci, construite par les Templiers à la fin du XIIIe s. sur un plan austère (une simple salle rectangulaire avec un clocher fortifié), reçut deux chapelles des Hospitaliers, au XIVe siècle. Elle jouxtait le château, aujourd’hui disparu, où se trouvaient les logis de la commanderie. Depuis le mur du fond de l’église, “ l’appartement des chevaliers ” ouvrait sur la nef par une tribune. Un escalier aménagé dans l’épaisseur du mur conduisait à un chemin de ronde. Mais les diverses dégradations subies par l’édifice eurent raison de ce confort architectural. Il fallut reconstruire après la guerre de Cent Ans, au XVe et au XVIe siècle. On arrangea quatre chapelles (début du XVIe s.), dont la disposition le long de la nef empâte le plan initial. De cette époque dateraient également plusieurs aménagements, comme la porte faisant communiquer la nef et le clocher et, en matière de sculpture, douze intéressants culots de la fin de l’époque gothique : anges, têtes d’hommes avec et sans chapeau ou chaperon, écus, fleurs de lys, etc.

De l’aspect initial de l’édifice demeure le chevet plat, le clocher-tour (pourtant bien transformé), qui comportait une salle haute desservie par un escalier à vis. L’une des quatre chapelles ajoutées à la nef, celle du nord-ouest, n’existe plus : à cet emplacement se trouve le porche d’entrée actuel. La voûte en berceau brisé, reprise au XIXe s., est soulignée par de fins doubleaux.

Le XIXe s. a laissé une empreinte sérieuse dans cet ensemble, notamment en ce qui concerne les percements (fenêtre axiale et porte d’entrée de l’église), les voûtes, la surélévation du clocher : ces interventions furent mises en œuvre à la fin du Second Empire et dans les premières années de la IIIe République, sous la conduite de l’architecte du diocèse, Théodore Olivier, et de celui du département, Léopold Payen. C’est dans cet ambitieux effort de restauration et d’embellissement que l’on dota l’édifice de deux autels, l’un de pierre sculptée, l’autre de plâtre peint et doré et de céramique, venant compléter un mobilier des  XVIIe et XVIIIe s. (ainsi la chaire de la fin du XVIIIe siècle). On plaça aussi trois verrières représentant la première saint Léon le Grand et saint Barthélemy, la seconde l’Annonciation, la troisième la Sainte Famille dans l’atelier. Cet ouvrage fut exécuté en 1873, sous l’épiscopat de Mgr Chaulet d’Oultremont, évêque d’Agen, dont les armoiries apparaissent sur un oculus.

Les dégradations touchant l’édifice devenaient très importantes ; la commune a donc décidé d’entreprendre des travaux de drainage, maçonnerie, charpente et couverture, auxquels la Sauvegarde de l’Art français a participé en accordant 18 294 € en 2001.

P. M.

 

Bibliographie :

M. Luxemburg, Une vieille commanderie, Saint-Léon, s.l.n.d.

Les Amis des Côtes de Buzet, [1956].

Dom A. Du Bourg, Histoire du Grand-Prieuré de Toulouse, Marseille, 1978, p. 425-430. (Réimpression de l’éd. de Toulouse, 1883.)

 

Le projet en images