Auvergne-Rhône-Alpes, Ain (01)
Saint-Julien-sur-Veyle, Église Saint-Julien
Édifice
L’église Saint-Julien était à la collation de l’archevêque de Lyon au moins depuis le XIIe siècle.
L’église romane fut assez peu transformée avant la Révolution. Il y avait seulement deux autels, dans la nef, l’un à droite et l’autre à gauche de l’arc triomphal ; en 1614, celui du nord était « sans vocable, fondation, ni service » et celui du sud était dédié à Notre-Dame. À cette date, le sanctuaire est « bien et proprement tenu, mais la muraille du chœur estant entre le sanctuaire et la nef et sur laquelle repose le clocher, du costé de bize, est en partie tombée par le haut menant au dit clocher […] Les paroissiens ont déjà baillé le prix-fait pour refaire ladite muraille et les angives [contreforts] qui la touchent depuis le bas jusques en haut à maître Vincent Fuseau, maistre masson de Mascon ».
En 1656, « le chœur de l’églize est voûté, mais en mauvais estat et menassant ruine. La coquille en bon estat. Dans le cloché sont deux cloches, le tout en bonne réparation, comme aussy le couvert et le boysage de la nef, mais sans lambry, le pavé bien carronné ». La nuit du mercredi 6 avril 1701, « une partie de la muraille du costé du vent de la nef de leur église est tombée par le dessus et le reste est encore entre-ouvert et par conséquent menace ruine ». Cet incident fut l’occasion de procéder à d’autres réparations : réfection de la toiture en tuiles creuses, et du sol en carreaux ou « plattes », lambris de la nef et réparation du banc de briques qui faisait le tour de la nef. Le lambris fut réalisé « à anse de panier », décoré de trois cadres en son milieu. Ces travaux furent adjugés à Antoine Barreau, maître maçon de Mâcon. En 1712, le beffroi et le dôme en pavillon du clocher furent refaits à neuf.
Des transformations importantes eurent lieu également au XIXe siècle : le clocher, démoli sous la Révolution, fut reconstruit en 1838 sur les plans de l’architecte Déplace de Bourg. On sait que Guillemin, architecte-voyer de Mâcon en 1857, conduisit des travaux, consistant probablement dans l’allongement de la nef et la reconstruction de la façade. La voûte de la nef, construite à cette occasion, s’est récemment en partie effondrée.
Cette église comporte aujourd’hui une nef allongée et précédée du portail ancien en réemploi. Le portail, en avant-corps, possède un linteau sculpté de cinq médaillons : l’Agnus Dei au centre (le soleil et la lune dans les écoinçons), accompagné des Quatre évangélistes (milieu du XIIe s.). La travée de chœur est élégie sur les côtés par des arcs brisés ; elle est couverte par une coupole sur trompes. L’abside est décorée d’une arcature surbaissée de trois arcs ; les pilastres, bien ornés, portent des chapiteaux historiés (deuxième tiers du XIIe s.). Certains archéologues ont émis l’hypothèse que les chapiteaux doubles pouvaient avoir été influencés par Cluny. Une statue en pierre polychrome de saint Jean-Baptiste provient de l’ancienne chapelle Saint-Jean-Bichard.
La Sauvegarde de l’Art français a accordé en 2002 une subvention de 18 000 € pour la réfection de la charpente désormais apparente.
P. C.
Bibliographie :
Arch. dép. Ain, 3E 20556, 37, 59, 66, 70, 72 (1701) ; 3E 20561, 42 (1714).
J.-Fr. Reynaud, Les églises romanes de l’ancien diocèse de Lyon, “a parte imperii”, thèse de doctorat, 1967, 337 p. dactyl.