Centre-Val de Loire, Eure-et-Loir (28)
Saint-Jean-de-Rebervilliers, saint Jean
Mobilier
Cette statue représentant sainte Jean est conservée dans l’église Saint-Jean-et-Saint-Jean-Baptiste à Saint-Jean-de-Rebervilliers (28). Elle a été sélectionnée dans le cadre de la campagne « les lycéens à la découverte du Plus grand Musée de France ». Grâce à l’implication des élèves de seconde du lycée Edouard Branly de Dreux, elle a pu bénéficier de 2 950 euros pour sa restauration. Quatre autres projets de restauration ont également été récompensés.
LA COMMUNE
Saint-Jean-de-Rebervilliers semble émerger de la forêt domaniale de Châteauneuf. A l’orée de cette couverture touffue, verte de mystère, le village paraît être un avant-poste, la dernière route pavé avant les mystères forestiers. Ancré dans sa région naturelle du Thymerais, Saint-Jean-de-Rebervilliers tire force de ses racines mérovingiennes, de son pays de plateaux verts, de ruisseaux secrets et de résineux obscurs. Cette terre dont exhale la simplicité du cycle des saisons reste nimbée de ces mystères qu’une forêt engloutit entre les fûts de ses cales. Simple et mystérieuse, c’est toujours cette alliance qui permet de qualifier l’église du village, Saint-Jean-et-Jean-Baptiste. Des toitures oranges patinées par le temps. Des pierres aux angles adoucis dans lesquelles se logent les lierres et les mousses. Autour un terrain ceint d’un muret du même acabit. Le passant qui entre sur ce terrain est accueilli par les sépultures ; ils sont là, les parents du village. Ces tombes brutes comme des petites perles sur la parure du temps qui glisse. Ce temps, qui s’étire, se divise, se fractionne en cycles. La nef romane de l’église a vu passer ce temps. Corrodant par moment, il lui a aussi donné un chœur plus ample au XVème siècle, une cloche lourde pour rythmer la campagne bruissante de la fin du XVIIIème siècle. L’inventaire de 1853 demandé par le conseil général de l’Eure-et-Loir n’aura pas eu raison de son mystère : un plan sommaire, des dates floues, des informations éparses, la ligne simple de l’édifice cache un chemin de mystère jonché de pierres sans liens. Dans ses entrailles minérales, entre les silhouettes et des croix, les bibelots et les dorures, se cache un joyau.
L’oeuvre
Cette statue est arrivée première dans le suffrage des lycéens. Elle date du XVIème siècle et marque d’abord l’esprit par son état de conservation. Il serait facile d’arguer que cette tête et cette main droite désespérément manquantes n’abondent pas dans le sens de notre première observation, mais, la tendresse de ses couleurs si bien conservées fait taire les réserves. Le noir profond de ses cheveux augustes, les boucles et les profondeurs données à cette toison par le sculpteur, la teinte tannée et unie de la peau imberbe de saint Jean, le rouge pâle et puissant de sa robe ou encore le vert blanchi de sa tunique, imaginer que ces pigmentations-là ont traversé les siècles jusqu’à nos yeux : cela est mystique. Apôtre aux nombreux miracles, s’il n’en fallait retenir qu’un seul, ce serait celui du poison. Pour prouver aux Ephésiens la supériorité du christianisme, il boit l’intégralité d’un calice de poison sans en ressentir le moindre effet. Les deux autres goûteurs sont frappés par la puissance corrosive du liquide et meurent. Saint Jean les ressuscitera par la suite. De ce fameux miracle, on peut apercevoir dans la main gauche de la statue un calice dont émerge un serpent, symbole du poison vaincu par la foi du saint. Cette main est, malheureusement, la seule restante. L’autre est perdue à jamais. La tête quant à elle, a beau avoir quitté le tronc, elle est encore en la possession des paroissiens.
La restauration
Grâce au vote des élèves, celle-ci a pu être restaurée. Ses couleurs poignantes ont retrouvé leur puissance. Les éraflures des années passées ont été gommées. La tête de saint Jean a renoué avec son cou trop longtemps orphelin. Sa main droite reste un moignon brandi dans le vide, mais, en somme, est-ce une si mauvaise chose ? Comme cette église qui l’accueille, la statue de saint Jean tire cette auréole irréelle et ce charme de ses imperfections, de son insolubilité et de cette main qui est, peut-être, perdue à jamais dans cette forêt.
Découvrir les quatre autres projets récompensés par les lycéens :
- Allainville, Pieta
- Saulnières, Anges tenant les instruments de la Passion
- Louvilliers-en-Drouais, sainte Barbe
- Vert-en-Drouais, sacrifice d’Isaac