Île-de-France, Yvelines (78)
Rosny-sur-Seine, Eglise Saint-Jean-Baptiste, Le Témoignage de saint Jean-Baptiste
Mobilier
Eddy Filiberto, Julie Vincent-Carrefour, Oriane Poret, Juliette Gicquel-Molard et Romane Mazzieri, étudiants à Sorbonne Université, se lancent dans le sauvetage d’une huile sur toile conservée à Rosny-sur-Seine (78).
L’oeuvre
Sur un fond brun uni, six personnages bibliques interagissent entre eux dans une scène rarement représentée dans les créations artistiques : le Témoignage de Jean-Baptiste. Cette scène tirée de l’Évangile selon Jean (1, 29) montre le moment où saint Jean-Baptiste reconnaît en Jésus, qu’il vient de baptiser, le Messie. La scène ne semble pas se dérouler dans le désert où le Nouveau Testament la situe, mais dans un espace non défini qui laisse transparaître un sentiment d’intemporalité et de sacralité.
Le Christ, représenté sous les traits d’un jeune garçon aux cheveux mi-longs blonds, occupe le centre de la composition. Assis, il lève la main droite, bénissant par ce geste saint Jean-Baptiste qui est agenouillé devant lui. Ce dernier, également représenté sous les traits d’un jeune adolescent, porte une peau de chameau, rappelant sa vie de pénitence et de prédicateur dans le désert de Judée. Dans la partie basse de la composition, on retrouve ses attributs : une croix de roseau à laquelle est fixée un phylactère (fine bande de parchemin) portant l’inscription Ecce Agnus Dei rappelant les paroles mêmes dont le prophète se servit pour désigner le Christ lorsqu’il le vit venir vers lui : « Voici l’Agneau de Dieu qui ôte les péchés du monde ».
Les deux protagonistes sont entourés par six figures harmonieusement réparties. Si l’on peut reconnaître la Vierge Marie, et son époux saint Joseph, de part et d’autre du Christ, il est plus difficile d’identifier les autres personnages du tableau.
Reconnaissable à son âge mûr, Elisabeth, cousine de Marie et mère de saint Jean-Baptiste, est représentée au premier plan à gauche. Derrière les deux femmes, un moine franciscain portant la bure brune regarde la scène. À l’imitation du Christ, les membres de cet ordre, né en Italie en 1210 sous l’impulsion de saint François d’Assise, tentèrent d’adopter une vie de grande pauvreté et de simplicité évangélique. Ce moine et sa communauté pourraient-ils ainsi être les commanditaires du tableau ?
Le personnage baissé au premier plan à droite est probablement Zacharie, époux d’Élisabeth. Il pourrait être représenté en train de laver les pieds du Christ pour annoncer les scènes où les apôtres se font laver les pieds par le fils de Dieu et où Marie Madeleine lave ceux de ce dernier. Enfin, une figure barbue, à droite de Joseph, est presque indiscernable : il pourrait s’agir de Moïse, cité dans le texte biblique.
SES ORIGINES
Ce choix iconographique original, dont on retrace l’apparition dès l’art de Byzance, est le résultat d’un travail français mené pendant la seconde moitié du XVIIe siècle. Bien que le tableau soit de main française, on peut y déceler des inspirations espagnoles dans la figure de Joseph et des inspirations italiennes dans le personnage de Zacharie, penché, au premier plan.
Ce tableau, comme la majorité des toiles disposées dans l’église saint Jean-Baptiste, aurait fait partie de la collection de Marie Caroline de Bourbon-Siciles (1798-1870), duchesse de Berry. Le château de Rosny-sur-Seine, acquis en 1818 par le duc de Berry pour son épouse, était la résidence d’été du couple ducal. Il est donc tout à fait probable que, de son vivant, la duchesse ait fait don à l’église saint Jean-Baptiste du Témoignage en raison de son sujet.
Une restauration nécéssaire
La restauration du Témoignage de saint Jean-Baptiste pourra probablement nous en livrer tous les mystères… Elle permettra, en effet, de rétablir la lisibilité de l’œuvre et de proposer une attribution à un artiste français du XVIIe siècle. Notre projet relève ainsi d’une triple nécessité : sauver ce tableau d’une disparition potentielle du fait de son état, l’étudier sous un jour nouveau pour accroître la connaissance actuelle de l’œuvre, et faire en sorte que tous les Rosnéens puissent avoir le plaisir de le revoir au sein de leur église.