Île-de-France, Paris (75)
Paris, Église Saint-Gervais-Saint-Protais, Le Retable de la Passion
Peinture
Le Retable de la Passion
On ignore l’identité du commanditaire et la destination initiale de ce retable de la Passion réputé avoir été donné en 1575 à l’ église du Saint-Sépulcre (détruite) et placé après la Révolution, sous une attribution au peintre allemand Aldegrever, dans la chapelle Saint-Denis de l’église Saint-Gervais. C’est toutefois de l’école flamande et du cercle de Bernard van Orley qu’ il fut rapproché tout au long du XXe siècle, jusqu’ à ce que Myra Orth en relie plusieurs scènes à des enluminures ornant une quinzaine de livres d’ heures exécutés à Paris autour de 1520. On doit à Guy-Michel Leproux d’ avoir démontré que l’ enlumineur dans l’atelier duquel furent produites ces miniatures était le peintre Noël Bellemare, Anversois installé à Paris, dont quelques documents d’archives permettent aujourd’hui de suivre l’ activité entre 1515 et sa mort en 1546. Ainsi s’expliquent simultanément la culture flamande dont est porteur cet artiste récemment sorti de l’ oubli et la destination parisienne de ses œuvres. Le fond de paysage de la scène centrale du panneau, derrière la Crucifixion, est directement inspiré d’ un dessin flamand de l’ entourage de Joachim Patinir, tandis que les attitudes contournées de certaines figures dans toutes les autres scènes renvoient aux œuvres de Jan de Beer, l’un des principaux peintres anversois actifs dans les mêmes années 1520.
Le retable de la Passion constitue donc un des très rares témoignages encore conservés du succès remporté à Paris, au tout début du règne de François Ier, par la mode du maniérisme anversois, un courant stylistique fondé sur l’ exubérance et l’ extravagance et dont l’ épanouissement accompagna l’ émergence économique et artistique d’ Anvers dans le premier tiers du XVIe siècle.
Notice rédigée par Cécile Scailliérez