Centre-Val de Loire, Loiret (45)
Saint-Germain-des-Prés, Église Saint-Germain
Édifice
LE VILLAGE, qui conserve le souvenir du passage de saint Germain, évêque d’Auxerre, a été érigé en paroisse au VIIe s. par saint Loup, évêque de Sens. La paroisse a été desservie à l’extrême fin du XIe s. et au XIIe par les moines du prieuré de Montigny, dépendance de Molesmes. Un fragment de l’édifice construit à cette époque et agrandi au XIIIe s. par le sénéchal de Château-Renard aurait été visible dans le mur occidental jusqu’aux travaux de restauration du XIXe siècle. L’église, incendiée par une troupe anglaise en 1358, est réparée une première fois à la fin du XIVe s., mais abandonnée pendant les troubles de la première moitié du XVe ; une reconstruction d’ensemble est nécessaire qui aboutit à l’édifice actuel. C’est l’œuvre du curé Thomas Viatellet, familier de l’archevêque de Sens, Tristan de Salazar, et de ses successeurs Guillaume Pérignon et Jean Gontier dans les premières années du XVIe siècle. Malheureusement les guerres de Religion devaient entraîner de grands dégâts : une troupe de cavaliers protestants d’origine champenoise brûle l’église en mai 1562, dégâts aggravés par les troupes de l’électeur palatin en mars 1576.
Une première tranche de restauration (1580-1590) permet de rendre au culte la nef de gauche. La nef principale à droite est rétablie avant la fin du siècle.
Telle qu’elle se présente, l’église est un parfait exemple du début du XVIe s. selon le principe de l’église-halle. Une nef de quatre travées est séparée du bas-côté nord par trois grandes arcades reposant sous chapiteau sur trois piliers de plan octogonal qui comportent au nord et au sud des colonnes engagées.
Un bas-côté a été prévu du côté sud, peut-être réalisé et non rétabli après les dégâts du XVIe siècle. Les voûtes sur croisées d’ogives datent de la restauration du milieu du XIXe ; à l’origine, la nef principale au sud était couverte de voûtes lambrissées en carène dont les éléments subsistent au-dessus des voûtes de brique et plâtre.
Dans le bas-côté nord, des doubleaux supportaient des voûtes lambrissées transversales qui correspondaient aux pignons et toitures visibles de ce côté. Un clocher de charpente s’élève sur la nef de droite entre la deuxième et la troisième travée.
Seuls la porte occidentale de la nef de gauche et les fenestrages du chevet donnent une idée du raffinement décoratif de l’origine. Malgré tous ces avatars et la modification du volume intérieur au XIXe s., cette église demeure d’une grande qualité architecturale. Pour la réparation des parties hautes, maçonneries, charpentes, couverture, la Sauvegarde de l’Art français a accordé en 2000 une aide de 30 490 €.
Ph.Ch.