Nouvelle-Aquitaine, Deux-Sèvres (79)
Saint-Georges-de-Noisné, Chapelle de la Salette
Édifice
Le cartulaire de l’abbaye Notre-Dame des Châtelliers, fondée en 1110 par Giraud de Sales, fait mention de l’ecclesia de Saletis acquise en 1161, avec ses dépendances. Elle est citée dans un autre texte en 1178. Dès 1163, l’abbaye des Châtelliers était rattachée à Clairvaux. Au XVe s., les Hospitaliers succédèrent aux Templiers et aux Bénédictins dans la possession de ce domaine. Peut-être le prieuré appelé « La Grange-Salette » abrita-t-il des greniers à sel. Pendant la Révolution, les biens furent confisqués et affectés à un usage agricole qu’ils conservèrent jusqu’à une date récente. Le prieuré se composait de plusieurs bâtiments implantés autour d’une cour carrée. L’ancienne chapelle, amputée d’une partie de sa travée orientale, se situe à l’ouest de la cour; elle était reliée au logis, situé à l’est, par des bâtiments dont il ne reste que des vestiges. Le pigeonnier du domaine se trouvait à l’arrière du logis. La façade occidentale de la chapelle était en grande partie masquée par un hangar en appentis. La suppression de celui-ci permet d’admirer l’élévation très sobre, rythmée par des bandeaux en fort relief qui, au premier niveau, prolongent l’horizontale des impostes du portail et contournent au plus haut niveau la fenêtre en plein cintre, ouverte dans la partie haute du mur. Le portail à deux rouleaux et archivolte chanfreinée est d’une exécution simple mais élégante. Le pittoresque de cette façade est donné, à l’angle nord-ouest du mur, par une échauguette en encorbellement, jadis surmontée de mâchicoulis; l’angle sud-ouest possédait très vraisemblablement une échauguette analogue qui a été détruite. Ces dispositions constituent un témoin modeste des fortifications élevées au XVe siècle. Le mur de fortune qui ferme l’église à l’est a été élevé tardivement, après la disparition de la travée de chœur. Dans le mur sud s’ouvre une fenêtre en arc brisé dont le profond ébrasement est appareillé très soigneusement ; les traces de son remplage se devinent encore. À l’intérieur de l’édifice, court une corniche qui indique le niveau du départ du berceau brisé qui couvrait la nef. Une croix « templière » reste encore visible au revers de la façade occidentale. Cette église est aujourd’hui en mains privées. Pour assurer le sauvetage de ce domaine rural, autrefois bien du clergé régulier, témoin précieux parce que rarement conservé d’une typologie jadis très représentée, la Sauvegarde de l’Art français a accordé en 1999 une subvention exceptionnellement importante de 245 000 F. Les difficultés qui se sont révélées au cours du chantier ont été nombreuses : le pignon ouest a été conforté et restauré, en évitant un démontage et remontage qui aurait enlevé à cette façade toute authenticité, les murs nord et sud ont été restaurés, l’appentis appuyé sur la façade occidentale a été supprimé, l’échauguette a été sauvée, l’ensemble a reçu une charpente et une couverture. Des chaînages et des fondations en béton n’ont pu être évités.
Fr. B.