Saint-Denis-sur-Huisne, Église Saint-Denis

L’église placée sous le vocable de saint Denis est un élégant édifice de fondation romane qui s’inscrit avec bonheur dans un cadre champêtre : il développe harmonieusement ses longues et basses façades qui sont dominées par l’élévation élancée de sa flèche octogonale couverte d’ardoises. Il relevait anciennement de la collégiale Toussaint de Mortagne-au-Perche.

Une étroite baie de plein cintre percée dans le mur nord et des traces d’opus spicatum ainsi que d’anciennes ouvertures dans les murs nord et sud, de nos jours murées, constituent les vestiges des parties les plus anciennes édifiées au XII^e siècle. L’édifice a été par la suite agrandi à l’ouest d’un clocher-porche, élégante construction dont le matériau différent, en pierre de taille, rappelle qu’il a été rapporté sur la façade primitive. Plusieurs grandes baies à profil brisé et à remplage flamboyant, percées dans le chœur et dans le mur sud de la nef, témoignent d’agrandissements vers l’est et de travaux entre les XIV^e et XVI^e siècles. À cette dernière époque, le volume général de l’édifice est repris. Enfin, sur le flanc sud s’élève, à la jonction du chœur et de la nef, une chapelle seigneuriale voûtée sur croisée d’ogives. La grande arcade qui permettait d’y accéder depuis la nef a été murée quand elle a été transformée au XIX^e s. en sacristie. Cette construction rappelle le patronage des seigneurs du lieu qui résidaient dans le château voisin et notamment celui d’Étienne L’Hermitte, seigneur de Saint-Denis, bailli du Perche. Le riche mobilier que conserve l’église est en grande partie dû aux enrichissements apportés par leur protection. Plusieurs visites pastorales au cours du  XVIII^e s. permettent d’en suivre l’état de conservation.

L’église se présente donc sous la forme d’un vaste rectangle précédé, à l’ouest, d’un clocher-porche et se termine par un chevet plat. Nef et chœur, qui constituent un volume unique, sont construits dans un mélange de moellons enduits, la pierre de taille blanche étant réservée pour les encadrements, et sont couverts de tuiles plates anciennes. Ils se distinguent du clocher-porche, dont la base carrée de 5 m de côté, en pierres de taille, est surmontée du bel ouvrage de charpenterie que constitue le fût du clocher, composé d’une jupe, de la chambre des cloches et de la flèche octogonale. Une litre funéraire ocre rouge a été peinte sur les trois faces du clocher mais a malheureusement perdu son dessin.

À l’intérieur, tandis que le clocher-porche abrite le tabouret, le volume unifié de la nef et du chœur est voûté d’une charpente lambrissée avec entraits et à profil brisé. Deux entraits successifs permettent, à la jonction de la nef et du chœur, de rattraper la légère différence de largeur entre ces deux parties. Une marche sur laquelle s’appuie la balustrade basse de la clôture du chœur, en bois, marque la séparation entre ces deux espaces, soulignée en partie haute par une élégante poutre de gloire. L’édifice renferme un riche mobilier dont une chaire en bois ciré du XVII^e s., des fonts baptismaux en pierre du XVI^e s., un vitrail – classé M.H. –de l’Annonciation du XVI^e s., une cloche datée de 1646 dont Charlotte Le Cordier, épouse d’Étienne L’Hermitte fut la marraine et qui porte les armes des L’Hermitte. Le choeur conserve aussi la trace, sous badigeon, d’une seconde litre funéraire. Parmi les sculptures figurent une Vierge à l’Enfant en pierre (XVI^e s.) et plusieurs statues de saints comme saint Denis et saint Sébastien.

Pour la restauration de la charpente et de la couverture du clocher, l’étaiement de la chapelle seigneuriale et le remaniement des toitures, la Sauvegarde de l’Art français a donné 10 000 € en 2011.

Élisabeth Caude

Bibliographie :

Arch. dép. Orne, G. 1081.

Atelier Touchard architectes, Étude préalable à la restauration de l’église, déc. 2009, p.70.