Saint-Christophe-sur-Avre, Église Saint-Christophe

L’église dédiée à saint Christophe était placée sous le patronage de l’abbaye Saint-Père de Chartres au XII^e siècle. D’origine romane, l’édifice a été agrandi et remanié en une importante campagne au cours du XVI^e s., puis au XIX^e s. ; il fait aujourd’hui l’objet d’une restauration générale. Cette église doit sa célébrité au pèlerinage automobile du dernier dimanche de juillet.

L’édifice à vaisseau unique, précédé d’un porche, est composé d’une nef et d’un chœur à chevet plat en retrait. Au sud se situent le clocher et une chapelle.

L’emploi de matériaux traditionnels dans cette partie de la Normandie, le silex et le grison, pierre ferrugineuse d’extraction locale, indique que les parties les plus anciennes de la construction sont d’origine médiévale. La nef est bâtie en maçonnerie de moellons (grison et silex) noyés dans du mortier. En pierre de taille, le grison est mis en œuvre pour  former, d’un côté, les angles du pignon découvert de la nef et, de l’autre, les contreforts d’angle, pour constituer les encadrements des petites baies cintrées, murées depuis mais toujours visibles aux murs nord et au sud, ainsi que l’arc brisé du portail. On retrouve le même parti pour le chœur. Les élévations sont terminées par une corniche en quart de rond, dont une partie est également en pierre de grison.

L’emploi de la brique correspond aux interventions du XIX^e s., en deux campagnes de travaux dont la date de réalisation n’est pas connue. L’examen de la construction laisse apparaître une première campagne de reprise des ouvertures, notamment dans le chœur et la nef où ont été percées de grandes baies rectangulaires à linteau bombé, dont les briques présentent une couleur claire, suivie de nouvelles interventions avec mise en place de baies en arc brisé aux encadrements constitués de brique violacée, dont certaines ont d’ailleurs remplacé les baies rectangulaires de la précédente campagne. Le porche présente un pignon ordonnancé en maçonnerie de brique claire et enduit, cantonné de pilastres de briques et silex taillé, percé d’une baie centrale encadrée de brique et surmontée d’une niche ; les parties latérales sont en pan de bois sur soubassement maçonné.

Le flanc sud de l’édifice a été doté au cours du XVI^e s. d’une vaste chapelle et d’un clocher, réalisés en blocage de moellons, dans lesquels sont percées des baies dont les encadrements sont en pierre de taille calcaire, aux profils cintrés en ce qui concerne le clocher. Les travaux de restauration ont permis de retrouver sur la face sud de la chapelle plusieurs assises moulurées, correspondant à une baie supprimée lors de restaurations ultérieures et qui permettent de confirmer la datation de cette partie de l’édifice. Cette chapelle ouvre sur la nef par une grande arcade ornée de plusieurs rangs de moulures, reposant sur de simples piles carrées dépourvues de décor, avec à leur base des figures animales (en réemploi ?) mises au jour à l’occasion des travaux de restauration.

L’intérieur présente une grande simplicité, badigeons sur les murs, vitraux géométriques. Seul le chœur est plus riche ; son entrée est marquée par un arc de pierre retombant sur des piles hexagonales à chapiteaux historiés, où se déroule une frise sculptée d’ornements feuillagés, à figures et blason. L’église possède un retable peint en faux marbre, au-dessus duquel sont visibles des traces de peintures murales lacunaires, qui représentent des draperies. La charpente à chevrons formant ferme a été redressée et confortée par restitution des poinçons et entraits supprimés ou affaiblis. Les charpentiers ont, selon la tradition, laissé la marque de leur intervention en sculptant sur le modèle ancien un engoulant. Le beffroi du clocher a également fait l’objet d’une restauration complète.

Pour cette restauration destinée à conforter l’église et à mettre en valeur son architecture, la Sauvegarde de l’Art français a accordé 10 000 € en 2005.

Élisabeth Wallez

Bibliographie :

Nouvelles de l’Eure, n° 50, hiver 1973-1974, p. 55.

1. Lizot, « Saint-Christophe-sur-Avre », Le pays de Verneuil-sur-Avre, 1987.