Occitanie, Aveyron (12)
Saint-André-de-Vézines, Église Saint-André-et-Saint-Félix
Édifice
Église de Saint-André-et-Saint-Félix de Vézines est citée au milieu du XIIIe siècle. Mais le nom d’Ovedinas ou Ovezinas figure déjà aux XIe et XIIe s., dans les cartulaires de Gellone et d’Aniane. Le village est sur le Causse Noir, que se partagent les trois départements de l’Aveyron, de la Lozère et du Gard, et les anciens diocèses de Vabres, de Mende et d’Alès. L’église relevait du diocèse de Vabres, rive gauche du Tarn, mais aussi de l’archidiacre de Millau, rive droite, qui avait son siège dans le chœur de la cathédrale de Rodez et qui percevait la dîme de la paroisse. Il ne reste, semble-t-il, de cette église primitive que deux culots gothiques réemployés, l’un représentant une tête d’homme, placée sous l’arcade du porche, l’autre, une tête de femme avec collerette et bandeau sur le front, dans la nef, à gauche, entre deux arcades. En 1823, cette église menaçait ruine. La paroisse obtint le droit de s’imposer pour reconstruire l’édifice : le devis fut établi par Antoine Bonnefous, maître maçon de Liaucous (vallée du Tarn). Les travaux furent achevés en mai 1825. Mais dans l’automne 1827, la foudre démolit le clocher, obligeant à de nouveaux travaux. On en profita pour mettre un épi de faîtage en terre cuite vernissée curieusement appelé « pomme de terre ». En 1836, on décida, avec l’approbation de Boissonade, architecte départemental, la construction de deux chapelles formant croisillons, et la reine des Français accorda une aide de 600 fr. On refondit les cloches en 1858-1859 (Gédéon Morel, fondeur de Lyon) et en 1861 on mit en place les vitraux (Victor Gesta, de Toulouse). Le clocher bâti hâtivement fut encore repris en 1862: on l’exhaussa et on refit la flèche. L’aspect extérieur, si l’on oublie un peu le clocher et l’abside arrondie, pourrait être celui des maisons des Causses voisins, où la couverture repose en général directement sur la voûte. Ainsi, côté sud, les trois baies latérales s’ouvrent dans des pignons dont la forme épouse presque la profondeur de l’embrasure ; la toiture du croisillon sud et celle de la sacristie sont à un niveau plus bas, sous les baies de la nef. Elles sont elles-mêmes éclairées par des baies qui s’ouvrent dans des pignons, reproduisant le même mouvement de dents de scie, qui est typique de l’architecture locale. Le clocher quadrangulaire domine la nef. La porte d’accès, rectangulaire, s’ouvre sous une grande arcade en plein cintre. Bref, si l’on n’avait pas les dates précises de la construction, on serait fort perplexe devant cette architecture caussenarde un peu intemporelle. La nef est une grande voûte contrebutée par des murs très épais. À l’est, presque sans séparation, s’élève le chevet en cul-de-four percé de trois fenêtres au décor de plâtre très simple (corniche, à la jonction du mur et de la voûte, pilastres à l’entrée du chœur). La voûte de la nef ne comporte pas de travées, sauf sous le clocher. Les murs latéraux sont percés, de chaque côté, de trois arcades inégales ; seules celles du milieu donnent accès à des chapelles, Saint-Félix à gauche, du Rosaire à droite; les quatre autres sont murées, mais le mur de la première à droite est percé par la porte de la sacristie. Au-dessus des arcades se trouvent les fenêtres dotées de larges embrasures ouvertes dans l’épaisseur des murs latéraux ; elles correspondent à l’extérieur aux pignons déjà signalés. L’église renferme un mobilier intéressant. Dans la chapelle de gauche, un panneau en bas-relief représentant saint Félix, en gloire, paraît être un remontage d’un retable du XVIIIe s., dont on a aussi conservé les volutes latérales. Le culte de saint Félix fut introduit au début du XVIIIe s. dans la paroisse par Félix Bertrandi, curé (inscr. 16 sept. 1993). Dans la chapelle de droite, se trouve une figuration en bois sculpté, en bas-relief, du Rosaire, qui paraît d’inspiration néo-gothique et qui pourrait être de 1844 (date de l’établissement de la confrérie du Rosaire). La Vierge est assise et couronnée. L’Enfant n’est point sur ses genoux, mais debout à côté d’elle. Tous deux présentent le chapelet à saint Dominique, à genoux, à la fois en position de prière et d’hommage. L’effet est assez réussi (inscr., 16 sept. 1993). La chaire installée en décembre 1877, est aujourd’hui démembrée. On en retrouve les morceaux éparpillés dans l’église (garde-corps servant d’ambon ; dossier et abat-son de cathèdre ; le culot dans la chapelle de gauche, etc.). Elle est l’œuvre de Paulin Serin, menuisier d’Alrance (Aveyron) qui appartient au groupe réputé des menuisiers-sculpteurs qui exerçaient au XIXe s. à la limite du Ségala et du Lévézou (inscr. 17 juin 1988). Ce dossier a été adressé à La Sauvegarde de l’Art français par la Fondation du Patrimoine. Pour la restauration de la toiture de la nef et des chapelles, l’association a accordé 30 000 F en 1998.
- D.