Hauts-de-France, Somme (80)
Rue, Décor peint du beffroi
Mobilier
Aurélie Chenaud et Noémie Kizika, étudiantes à l’Université de Picardie, ont permis le sauvetage de toiles marouflées conservées dans le beffroi de la commune de Rue (80). Cette campagne du Plus Grand Musée de France a été menée en partenariat avec la Région Hauts-de-France.
Le Beffroi
Ancienne tour échevinale évoluant en Hôtel de Ville entre 1868 et 1871, le beffroi va être utilisé comme tel jusqu’en 1969. Ce décor a été réalisé dans l’objectif d’orner l’ancienne salle de justice de paix au rez-de-chaussée du beffroi où l’oeuvre est toujours visible. Elle se compose de huit toiles marouflées se déployant sur les murs de la salle dans la partie supérieure. L’oeuvre s’adapte à l’architecture de la pièce. Elles ont été réalisées à la suite d’une proposition de l’artiste en 1898 de décorer la salle sans être rémunéré mais seulement en étant remboursé du matériel utilisé. La salle est inaugurée le 23 mai 1902.
Un témoignage de la vie locale
Huit scènes qui illustrent la diversité des activités à Rue et en général dans le Marquenterre à la fin du XIXe siècle : La Culture, L’Élevage, L’Industrie, Les Affaires, La Charité, La Tourbe, Le Marais et Le Pâturage. Ces peintures déploient à travers la salle un paysage très détaillé, allant d’un panorama de 800 cm à une bande verticale de 17 cm de largeur. Chaque élément de ces toiles évoque l’histoire de la ville par une simple architecture, une tradition populaire ou encore une tenue. Cette histoire passe aussi par l’évolution du paysage : une terre d’alluvion propice au pâturage, drainée pour devenir une terre agricole avant d’être marquée par l’industrialisation.
Albert Siffait de Moncourt
Né le 17 décembre 1858 à Nantua, il descend de la petite noblesse picarde. Après un apprentissage à l’École des Beaux-Arts de Paris, il part s’installer à Moncourt dans la commune de Rue où il devient agriculteur. Il va à plusieurs reprises exposer aux salons parisiens où en 1889, il reçoit la médaille d’honneur pour Reddition de Calais conservée actuellement au Musée de Picardie. Son fort attachement à sa région et à son histoire est observable à travers la grande majorité de ses toiles. À partir de 1886, il commence à travailler pour Rue par la réalisation de trois toiles marouflées pour la chapelle Saint-Esprit. Elles y sont toujours visibles. Les trois modellos (peintures préparatoires) des toiles L’Élevage, La Charité et Les Affaires conçus pour le beffroi vont être exposés au Salon de la société nationale des Beaux-Arts de 1902. Son habilité est reconnue lors de l’Exposition Universelle de 1900. Il y reçoit la médaille de bronze. Il participera volontairement à la guerre 14-18 mais restera profondément marqué par la mort de son fils de suites de celle-ci. Cette dévotion picarde se manifestera à la fin de sa vie en 1925 par la fondation de la Société historique du canton de Rue.
La Restauration
Le projet de restauration a été lancé en 2018 mais les œuvres ont dû patienter car il fallait avant tout s’occuper de réparer l’édifice responsable des problèmes d’humidité. Ce morceau du patrimoine ruen avait subi plusieurs dégâts des eaux et un mouvement du bâti qui avait provoqué des fissures et une augmentation de l’humidité des murs. Il était urgent de résoudre les défauts d’adhérence de la couche picturale. Ce travail pressant avait déjà donné lieu cette année 2022, aux premières interventions. Cette restauration a permis de sauver ces témoignages précieux de l’histoire locale et d’observer tout le talent du peintre dont le réalisme rendu par les couleurs et la matière était entravé.
Bibliographie :
– Albert Siffait de Moncourt, peintre de la Picardie maritime, Cat. Expo. (Abbeville, Musée Boucher-de-Perthes, 15 juin – 21 novembre 2003), Pantxika Béguerie-De Paepe, Abbeville, Direction régionale des affaires culturelles Picardie, 2003, p. 9 -24, 45, 55, 56.
– Albert Siffait de Moncourt (1858-1931), L’éloge du patrimoine, Cat. Expo. (Montreuil-sur-Mer, Musée Roger Rodière, 19 mai – 17 décembre 2012), Laura Gall, Benoît Blanc (dir.), Montreuil-sur-Mer, Éditions des Amis du Musée et du Patrimoine du Montreuillois, 2012, p.
7- 14, 49-64.
Webographie :
– www.daras.fr/index_de_moncourt.htm
Une campagne menée en partenariat avec la Région Hauts-de-France.
Avec le concours de :