Centre-Val de Loire, Indre-et-Loire (37)
Rouziers-de-Touraine, Chapelle Notre-Dame de l’Encloître-en-Chaufournais
Édifice
Église du prieuré de l’EncloÎtre-en-Chaufournais. Le prieuré de l’Encloître-en-Chaufournais est situé à 4 kilomètres au nord de Rouziers-de-Touraine. Fondé sur un domaine donné en 1103 par Léon de Langeais à Robert d’Arbrissel, il accueille dès 1117 une première communauté fontevriste, connaît une grande prospérité jusqu’au milieu du XIVe s. mais est ruiné à la fin de la guerre de Cent Ans. De grands travaux, soutenus par des dons et menés entre 1520 et 1631, permettent sa renaissance avant qu’un déclin financier progressif, dès le début du XVIIIe s., n’entraîne sa suppression en 1759 et la réunion de ses biens et revenus à l’abbaye de Fontevraud. Les nombreux bâtiments du monastère, à l’état vétuste, sont expertisés dans le détail en mars 1762. L’ensemble devient métairie, est vendu bien national en 1791 et conserve jusqu’au XXe s. un usage agricole qui a conduit à sa profonde transformation.
L’église Notre-Dame (XIIe et XVIe s.) est orientée ouest-est sur une longueur de trente-cinq mètres. Une grande nef rectangulaire est éclairée par six ouvertures hautes et sa façade ouest dispose d’un nouveau vitrail, installé en juin 2017 dans une haute baie longtemps bouchée. Ses murs gouttereaux, sommés d’une corniche, sont percés de quatre accès : au nord, une porte romane en plein cintre non décorée ; au sud, deux portes ouvertes au XVIe s., accostées de pilastres avec chapiteaux Renaissance et frontons courbes ; entre elles, un grand portail né de l’usage agricole. La façade méridionale comporte une double rangée de corbeaux, vestiges de trente-cinq éléments similaires portant encore en 1762 la charpente du toit du cloître, contenant préau et puits. A l’est de la nef subsiste le mur septentrional du chœur et son abside demi-circulaire, dont le mur conserve sept modillons sculptés de masques. En 1762, une sacristie est accolée au mur sud du chœur tandis qu’un clocher avec beffroi et flèche surplombaient encore l’église.
L’intérieur du chœur montre des colonnes engagées et à tambour, sommées de chapiteaux ornés et des enduits aux décors à faux joints. La charpente de la nef, du XVIe s. et à forte pente, est à chevrons portant fermes et à trois faîtages superposés et contreventées de grandes croix de Saint-André.
L’église ne contient plus de mobilier religieux, sans doute depuis le XVIIIe s. ; certains éléments en provenant subsistent dans des églises proches, tel son retable-tabernacle en bois doré, du XVIIe s. (cl. MH depuis 1940) dans l’église de Chemillé-sur-Dême.
La famille propriétaire du prieuré a engagé en 2013 un projet destiné à assurer la sauvegarde de l’église, par des travaux d’étanchéité et de stabilisation de sa maçonnerie et de la charpente de la nef. Réalisés entre le printemps 2015 et 2017, ils ont bénéficié du soutien de la Sauvegarde de l’Art français par une aide financière de 30 000 €.
Isabelle Girard
Bibliographie :
Arch. dép. Indre-et-Loire, 2 B 1319 : dossier d’informations de commodo et incommodo pour la suppression du monastère, 1762 (dont visite des lieux, 8-14 mars) ; 1 Q 45 : procès-verbal d’adjudication du lieu seigneurial et métairie, 12-30 sept. 1791.
E. Barthélemy, architecte du patrimoine, Rapport de visites (juillet 2014).
A. Montoux, Vieux logis de Touraine, t. II, Chambray-lès-Tours, 1975, p. 170-179 : « L’ancien prieuré de l’Encloître ».
Le Magazine de la Touraine, n° 135, été 2015, p. 60-62 : « L’Encloître-en-Chaufournais, la renaissance d’un prieuré fontevriste ».