Centre-Val de Loire, Indre-et-Loire (37)
Rochecorbon, Chapelle Saint-Georges
Édifice
Située en amont de Tours, dans la vallée de la Loire, la chapelle Saint Georges est l’ancienne église de la paroisse du même nom, rattachée administrativement à la commune de Rochecorbon en 1808. Le village, aujourd’hui englobé dans la banlieue de la métropole tourangelle, groupe ses maisons au pied d’une falaise dominant la rive droite de la Loire. L’église elle-même est en partie creusée dans le rocher, comme nombre des habitations à l’entour. Citée en 1256 dans une charte de la grande abbaye voisine de Marmoutiers et quelques années plus tard dans le cartulaire de l’archevêché de Tours, la paroisse de Saint -Georges-sur-Loire est d ‘origine plus ancienne, comme en témoignent encore aujourd’hui certaines parties de l’église.
L’édifice, à peu près orienté, comprend une nef simplement charpentée, un chœur voûté en plein cintre, un clocher construit au nord du chœur, formant chapelle et couvert intérieurement d’une coupole appareillée sur trompes, et enfin, plus au nord et creusée dans le rocher, une autre chapelle donnant accès à une dernière petite salle située à l’ouest de la première et pouvant servir de sacristie. La partie la plus ancienne de l’édifice est certainement la nef dont les murs sont construits en petit appareil de moellons régulièrement assisés à larges joints et dans lesquels sont remployées, notamment au sud, des pierres sculptées d’entrelacs, provenant vraisemblablement d’un édifice antérieur.
L’accès à l’intérieur de l’église se fait aujourd’hui par le sud, mais il subsiste un portail à môme obstrué sur la façade ouest. Le chœur est en partie contemporain de la nef, la partie basse des murs présentant le même appareil de petits moellons, mais une reprise est visible dans la partie haute au-dessus de la baie du mur sud ; l’appareil est plus gros et l’amortissement se fait par une corniche à modillons accusant le XIIème s., semblables à ceux du clocher que l’on peut vraisemblablement dater de la même campagne de construction. Enfin, la chapelle troglodyte, sans caractéristiques architecturales particulières, peut remonter au XVIIIème siècle.
Simple dans son architecture, l’église Saint-Georges vaut surtout pour son décor intérieur. En effet, l’édifice a conservé en partie ses peintures murales, dont les plus anciennes remontent au XIIème siècle. Sur le mur nord de la nef est représenté un Lavement des pieds, peint selon la technique de la vraie fresque et qui a conservé des couleurs encore très vives malgré des dégradations dues aux infiltrations. L’iconographie traditionnelle montre le Christ, reconnaissable à son nimbe cruciforme et vêtu de blanc, lavant le pied d’un apôtre, tandis que d’autres disciples sont placés derrière eux. Un décor de fleurs peintes à l’ocre jaune, encadrées de carrés ocre rouge, forme le fond et une bordure employant les mêmes tons en deux bandes séparées par un rang de perles, encadre la scène. La qualité de ce décor l’apparente aux plus grandes peintures romanes de la région. Une autre scène, plus récente et peinte a tempera, représente la Cène, bien reconnaissable par son iconographie : elle remonte vraisemblablement au début du XIIIème siècle. Les parties basses du mur n’ont pas conservé, comme bien souvent, d’autres traces de décor peint. Au sud de l’arc triomphal ouvrant sur le chœur, subsiste une peinture à motifs purement décoratifs de croisillons encadrant des fleurettes. Ce décor fragmentaire devait couvrir la totalité du mur est de la nef. Il ne remonte certainement pas au-delà de la fin du Moyen-Age. Enfin, la voûte du chœur est peinte d’un grand Christ en gloire, inscrit dans une mandorle et accompagné du Tétramorphe. Une autre scène, peu lisible – scène de bataille ou entrée à Jérusalem – est peinte sur le côté nord de cette voûte en partie basse. L’ensemble est moins bien conservé que dans la nef, sans doute à cause de la technique utilisée, la tempera, moins résistante aux infiltrations.
Les travaux, entrepris par la commune de Rochecorbon sous la surveillance de !’Architecte des Bâtiments de France, durent depuis plusieurs années. La Sauvegarde a aidé à la restauration de la charpente de la nef et à des travaux de maçonnerie sur le mur nord par une subvention de 10 000 F en 1996.
Br. S.