Occitanie, Aude (11)
Rennes-le-Château, Eglise Sainte-Marie-Madeleine
Édifice
NB : La notice publiée ci-dessous est une notice provisoire, la notice scientifique étant en cours de rédaction.
Le village de Rennes-le-Château est bâti sur un promontoire rocheux, dominant la vallée de l’Aude.
Deux hypothèses existent concernant l’origine de ce site. L’une place les premières occupations dès le Ve siècle par les Wisigoth au moment de leur conquête de la Narbonnaise, l’autre plus tardive potentiellement carolingienne.
Rennes-le-Château était la capitale du comté du Razès dont les comtes, fondateurs des monastères d’Alet et de Saint-Polycarpe, furent aussi les créateurs de monastères catalans.
L’église demeure le seul témoin de ce site historique. Elle est citée en 1185 dans les inventaires de l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem.
De grands travaux de consolidation et d’embellissement de l’église, avec notamment la réalisation du décor intérieur, sont entrepris à partir de 1897, à l’initiative de l’abbé Saunières, sous les conseils de l’architecte Caminade.
Cet édifice aurait été au Moyen Age, la chapelle du Château des seigneurs Hautpoul, dédié à Ste Marie. Dépendant de l’évéché, elle fait office d’église paroissiale. Vers la fin du moyen âge, le patronage de Ste Marie change pour Ste Marie Madeleine.
En entrant dans l’église se trouve un bénitier présentant l’étonnante particularité d’être supporté par un diable grimaçant, Asmodée, gardien des trésors, selon la tradition. Au dessus du diable se trouve un socle composé de quatre anges décortiquant le signe de la croix et une phrase faisant office d’avertissement : « Par ce signe, tu le vaincras ».
Ce diable a subi de nombreuses dégradations et actes de vandalismes. Malgré l’absence de preuves historiques, de nombreuses théories laissent entendre qu’il y aurait trouvé un trésor, sans que l’origine et la nature exactes en soient connues. D’aucuns ont cru pouvoir trouver un trésor caché dans la statue, lui arrachant un oeil ou allant jusqu’à la décapiter.Ainsi Rennes-le-Château a-t-elle acquis une renommée internationale, attirant quelque 100 000 visiteurs chaque année.
L’édifice, orienté, se compose d’une nef unique et s’achève par un chevet semi-circulaire.La nef est couverte d’une voûte en berceau plein cintre, fractionnée par des arcs doubleaux. Le choeur, séparé de la nef par un arc diaphragme, est voûté en cul de four. Les cloisons de briques établies au XIXe siècle pour faire disparaître les irrégularités de l’édifice primitif, sont couronnées par de crénelage et modillons.
L’ensemble de l’édifice a conservé son décor peint réalisé en 1897 par l’entreprise Castex : faux appareil sur les murs, médaillons et frises sur les piliers et les doubleaux, voûte céleste bleue étoilée dans le choeur.
L’extérieur, à l’exception des ouvertures percées au XIXe siècle et de l’aménagement de l’entrée actuelle, n’a pas fait l’objet de travaux aussi importants que pour l’intérieur.
Au sud, dans la dernière travée, est percée la porte d’entrée en grès, en plein cintre avec clef saillante armoriée, dont le vocabulaire ornemental est emprunté à celui de la Renaissance.
Au-dessus de la porte, un tympan en terre cuite présente, en son centre, une statue de Marie-Madeleine. Les rampants de la toiture qui encadrent le tympan, sont revêtus d’antéfixes en céramique vernissée jaune.
Contre le mur nord se dresse le clocher dont les baies géminées en plein cintre attestent une construction médiévale. La partie supérieure, correspondant à l’actuelle chambre des cloches, appartient à une campagne de construction plus récente. L’abside du choeur est ornée pour partie de lésènes reliées par des arcs doubles. De petits cul de lampe sans ornementation viennent en soutient des arcs. Le percement d’origine dans l’axe de la baie a été remplacé par une rose surdimensionnée au XIX° siècle.
Les décors de lésènes et l’appareil de moellons taillés monté en assises régulières témoignent d’une origine probable du premier art roman méridional de l’édifice qui apparaît dans le Languedoc méditerranéen au cours de la 1ere moitié du XI° siècle.
Des essais de chronologie placent donc le chevet, la première travée et la base du clocher au XI° ou XII° siècle, les structures restantes plus tardives entre le XVII et le XVIII° siècle.