Ce bourg important du Moyen Âge est mentionné en 1281 dans une donation de l’abbé d’Aiguebelle au Comte de Provence. L’église paroissiale est un édifice composite qui porte témoignage d’une longue histoire. Le premier texte qui nous soit parvenu est un modeste legs d’un florin, le 19 mai 1484, pour la réparation de l’église. Dans la construction actuelle l’épaisseur des murs gouttereaux et la petite porte latérale sur le mur sud suggèrent des travaux exécutés au XIIIe ou XIVe s. dans la tradition romane. À Grignan le portail de la chapelle Saint Vincent offre une modénature semblable. En 1518 la porte de Réauville a été surmontée d’un campanile et de sa cloche détruits au XIXe siècle. Les guerres de Religion dans la deuxième moitié du XVIe s. causèrent de graves désordres à l’édifice. Lors de sa visite pastorale en 1601, l’évêque de Saint-Paul-Trois-Châteaux trouve l’église entièrement découverte et ordonne une remise en état complète. Ce sera l’œuvre des XVIIe et XVIIIe siècles. De nombreux travaux exécutés alors ont laissé leur trace dans les archives : couverture et charpente refaites, reprise des murs extérieurs et intérieurs et de 1eurs enduits, construction d’une voûte sur le chœur et sur la tribune installée au revers de la façade occidentale. Les nombreuses interventions du XIXe s. ont achevé de donner à l’église son aspect actuel : surélévation de la toiture consécutive à la construction d’une voûte sur la nef, suppression du passage par la porte latérale sud, création d’une importante déco ration peinte dans le chœur, destruction du portail ouest en 1862 et construction en 1871 du clocher-porche adossé à la façade. L’église a conservé son plan d’origine très simple, un rectangle de 25,17 m sur 10,97 m. Quatre arcs-diaphragmes délimitent les travées de la nef jusqu’à l’arc triomphal qui s’ouvre sur le sanctuaire. Ces arcs-diaphragmes, qui peuvent remonter à la première construction, retombent sur des tailloirs moulurés au sommet de pilastres carrés adossés aux murs gouttereaux. La séparation entre la nef et le chœur est marquée par deux marches circulaires en pierre de taille qui exhaussent ce chœur de 0,35 m. Une jolie balustrade en fer forgé, datée de 1671, achève de bien marquer la séparation. Elle est actuellement déposée. Le chœur représente, en raison de ses divers éléments décoratifs des XVIIe, XVIIIe et XIXe s. parfaitement amalgamés, la partie la plus intéressante de l’église. Le maître-autel en bois polychrome du XVIIIe s. est conservé. Un examen rapide de la décoration peinte de la voûte et des murs pourrait attribuer celle-ci à une même date. Il n’en est rien. Ces peintures sur toile marouflée, par erreur qualifiées de fresques, ont été exécutées au XIXe s. par des ateliers italiens qui venaient travailler en Savoie, Briançonnais, Embrunois. À Réauville, ils ont pu rencontrer l’influence baroque venue d’Avignon sensible dans les éléments purement décoratifs. La totalité des peintures, déposée pour être restaurée, est en cours d’inscription à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques. Les autres interventions du XIXe s. et celles du XXe n’ont pas toutes été aussi bénéfiques. La Sauvegarde de l’Art Français, considérant la nécessité de protéger le décor peint du chœur, a accordé une aide de 50 000 F en 1999 pour aider à la réfection de la charpente et de la couverture.
É. C.