Auvergne-Rhône-Alpes, Ardèche (07)
Pranles, Église Notre-Dame-de-l’Assomption
Édifice
Ancien prieuré de la Chaise-Dieu, l’église Notre-Dame de l’Assomption est un édifice complexe, maintes fois remanié. La tradition locale, qui attribue sa première construction à l’époque carolingienne, ne paraît pas justifiée, compte tenu du silence sur Pranles de la Charta vetusde Viviers qui mentionne les églises du Xème siècle. La présence dans la cuisine du presbytère d’une colonne de 2,35 m de hauteur, qui appartiendrait à cette époque, paraît insuffisante. La partie la plus ancienne de l’église est constituée par les cieux travées orientales de la nef, la travée occidentale accolée à la façade étant, comme cette dernière, une reconstruction du XVIIème siècle. La voûte des deux travées anciennes est en berceau brisé ; ses arcs doubleaux retombent sur les chapiteaux de quatre colonnes engagées dans la travée orientale. Les chapiteaux sont la partie la plus intéressante de l’édifice : bien que comportant des personnages, ils gardent de nombreuses réminiscences de modèles antiques. L’astragale des chapiteaux nord-est et sud-ouest est décoré d’oves que l’on retrouve, dans le chapiteau sud-ouest, au sommet de cannelures de la corbeille, entre les feuilles d’angle. Le souvenir des volutes d’angle subsiste sur trois chapiteaux, ainsi que le dé au centre de l’abaque figuré par une tête humaine. Un seul tailloir est orné de palmettes d’allure très romane. D’après P. de Lagarde, le chapiteau de la colonne nord-ouest, au décor sans personnage et dont les dimensions diffèrent, serait peut-être un remploi. Le style de ces chapiteaux rappelle celui des chapiteaux de la tour-clocher de Viviers datés par Yves Esquieu et Rollins Guild de la fin du XIème s. ou du début du XIIème Le XIIème s. conviendrait parfaitement pour la première construction de l’église de Pranles, édifice en bel appareil de grès local avec recherches de bichromie. Ont été reconstruits au XVIIème s., après les guerres de Religion, la travée carrée précédant le chœur sur laquelle s’ouvrent au nord et au sud des chapelles, la façade occidentale avec sa porte en plein-cintre sur montée d’un oculus et d’un clocher-arcade et le chœur. Des chapelles ajourées à l’édifice roman au XIVème ou XVème s., comme dans l ‘église voisine de Cresseilles, ont vraisemblablement été détruites au XVIème siècle. En 1995, une première campagne de restauration pour laquelle la Sauvegarde de l’Art Français a donné une aide de 50 000 F a concerné des travaux de toiture et de charpente. Une deuxième campagne, débutée en août 1996, a concerné la réfection de la zinguerie et des maçonneries extérieures et la Sauvegarde de l’Art Français y a participé pour un montant de 25 000 F. Il est regrettable qu’aucune étude archéologique des murs n’ait précédé la reprise des enduits, comme ce fut le cas à Saint-Jean-le-Vieux (Isère) et Vinsobres (Drôme).
E. C.