Auvergne-Rhône-Alpes, Loire (42)
Pralong, Église Saint-Romain
Édifice
À quelques kilomètres au nord de Montbrison, Pralong est l’un des villages qui bordent le piémont des « montagnes du soir ». Une occupation gallo-romaine est attestée. Le lieu est cité sous son nom actuel en 970. L’église n’apparaît dans les sources écrites qu’en 1225, dans le pouillé du diocèse de Lyon : la paroisse y est une dépendance du prieuré bénédictin de Champdieu, tout voisin, dont le prieur nomme à la cure. L’église est placée sous le vocable de saint Romain diacre.
Le bâtiment se présente aujourd’hui avec une grande cohérence, bien qu’il ait été construit à diverses époques : à l’origine il comportait une nef à deux travées, sans collatéraux, complétée par un sanctuaire moins élevé, de plan carré, dont la largeur est à peine inférieure à celle de la nef. L’arc triomphal est brisé. La nef est voûtée d’arêtes, retombant sur des culots à peine esquissés. Le sanctuaire, voûté de même, est couvert d’un toit à trois pentes, plus bas que le faîtage de la nef, soulignant ainsi les deux parties de l’édifice.
Au début du XVIe s., une tour-clocher servant de porche a été ajoutée à l’ouest : le linteau du portail d’entrée porte la date de MVCXXXV (un pilier intérieur annonce une autre date : 1566). C’est cette tour-clocher qui donne son caractère à l’édifice et l’inscrit dans la belle série des églises du « gothique tardif forézien » comme les exemples tout proches de Chazelles-sur-Lavieu, de Saint-Laurent-Rochefort (1) , et Saint-Germain-Laval (2) : il en possède certains éléments : contreforts angulaires, portail à voussures et à pinacles latéraux, sobre façade de pierre de taille, bancs de pierre encadrant le portail. Peu de décors, ou disparus : une statue devait surmonter la console au-dessus de l’arcade d’entrée, et le tympan a pu être peint. L’escalier d’accès, au nord, est hors œuvre.
Les collatéraux sont postérieurs : ainsi, le contrefort à l’arrière du clocher, du côté droit, qui à l’origine devait souligner l’angle, a été noyé dans le mur ouest du collatéral. Ils ont pu être construits en deux fois ; la première travée est plus soignée : arcs latéraux en pierre de taille, baies chanfreinées ; les arcs de la seconde travée sont en moellons qu’il a fallu masquer sous l’enduit. Mais le parti est le même : les collatéraux ne sont pas voûtés mais seulement plafonnés. La médiocre élévation de la nef a dû commander ce choix, afin de ménager aux chapelles le volume intérieur le plus haut possible, ainsi la toiture des collatéraux prolonge celle de la nef.
Les ouvertures semblent avoir été modifiées à l’époque classique, dans une recherche d’unité : le parti retenu pour les baies des collatéraux a été repris pour celles du sanctuaire ; la fenêtre axiale en particulier a été rehaussée et cintrée.
À l’intérieur, les aménagements des années 60 ont enlevé partout les enduits et mis la pierre à nu ; seules méritaient de l’être les pierres de taille des arcades : l’arc triomphal et les deux arcs des chapelles de la première travée.
Le mobilier est assez riche. On note : un bénitier posé sur un fût qui a dû être celui d’une croix et où l’on voit deux personnages, saint Romain et saint Vincent (?), une cuve en pierre, gravée de signes frustes (la lune, le soleil), un Christ en croix du XVIIIe s. (qui aurait été jusqu’en 1905 au prétoire du tribunal de Montbrison), plusieurs statues en bois doré et peint, du XVIIIe siècle : saint Vincent, tenant sa grappe, de style baroque, saint Jean-Baptiste, saint Romain diacre, tenant dans la main la langue que Dioclétien lui a fait couper pour ne plus l’entendre professer sa foi, de facture un peu raide, saint Isidore, avec ses attributs, un confessionnal de grande taille, daté de 1785.
Avec la seconde tranche de travaux, qui s’achevait en octobre 2002, l’ensemble de l’église est à la fois sauvé et mis en valeur. La Sauvegarde y a contribué pour 12 196 €. Les travaux ont été exécutés avec soin et l’église a désormais belle allure. Cette petite commune en expansion tient à son patrimoine. On appréciera qu’elle ait voulu y ajouter quelque chose, en couronnant la tour-clocher d’un aérien travail de ferronnerie, qui élève la croix et le coq.
Ph. M.
(1) Cahier de la Sauvegarde de l’Art français, n° 13.
(2) Cahier de la Sauvegarde de l’Art français, n° 14.