Nouvelle-Aquitaine, Gironde (33)
Pout Le, Église Saint-Martin
Édifice
EGLISE Saint-Martin. Le Pout se situe à 4 km au nord de la bastide de Créon, dans le pays vallonné planté de vignes de l’Entre-Deux-Mers. Le village ne sort guère de l’obscurité avant le XVIIe s., lorsque la chronique rapporte que le maréchal de La Meilleraye, chargé de se rendre maître de Bordeaux pendant la Fronde, avait occupé Le Pout en même temps que Créon. Le centre du village réunit l’église, à proximité immédiate du cimetière, la mairie et une récente « maison des jeunes », tandis que l’habitat se répartit entre de petits hameaux. Réginald Biron, dans son étude sur les églises de Gironde, note que les églises portant le patronyme de saint Martin ont presque toutes été élevées sur l’emplacement d’édifices de la période romane, dans le voisinage d’un habitat gallo-romain ; il y a près de cent églises répondant à cette définition dans le Bordelais et le Bazadais.
Le plan de l’édifice se compose d’une nef de deux travées et d’un chœur à chevet plat. La nef, flanquée au nord d’un collatéral, est précédée à l’ouest par un porche de plan rectangulaire. La façade occidentale est rythmée par trois contreforts. Le porche qui porte la date de 1868 abrite la porte ancienne, en arc brisé à trois ressauts surmontés d’un larmier avec retour, reposant sur une console ; sur la partie gauche, une porte rectangulaire, située dans l’axe du bas-côté, est murée ; l’absence de collatéral au sud entraîne une relative dissymétrie dans cette façade. Deux ouvertures jumelées dans le mur-pignon abritent les cloches. La relative instabilité de l’édifice a justifié la construction de contreforts : un contrefort biais s’élève à l’angle nord-ouest, un contrefort analogue sur la façade nord marque l’extrémité nord est du collatéral, tandis qu’un troisième contrefort droit a été élevé au milieu, le troisième au départ de la travée droite de chœur. Les ouvertures ont été percées à des dates variables et non documentées. La première travée occidentale est percée du côté nord d’une étroite fenêtre en arc brisé, la seconde d’une fenêtre à remplage gothique tardif. Le mur du chevet est flanqué au nord d’une sacristie, qui s’inscrit dans l’angle formé par le collatéral nord avec le mur du chœur. Une fenêtre a été murée lors de la mise en place du retable de l’autel majeur, tandis que du côté sud, le chevet est éclairé par deux étroites et hautes fenêtres, relativement anciennes.
Préalablement aux travaux de drainage effectués autour de l’édifice, des sondages ont été réalisés en 1988 par la direction des Antiquités historiques. Ils ont permis de reconnaître certaines modifications intervenues dans la construction de cet édifice : le long de la façade occidentale les vestiges du contrefort sud, tronqué par le portail actuel, ont montré que l’entrée d’origine avait été déplacée lors de la construction du collatéral, aux alentours des XVe et XVIe siècles. Ont été également découvertes les fondations d’un bâtiment situé devant le collatéral, avant corps ou porche antérieur disparu. Aucune sépulture n’a été découverte dans la tranchée effectuée le long des murs nord et sud, mais il en a été trouvé le long de la façade occidentale où deux sarcophages ont été retirés des remblais contemporains.
La nef est couverte d’un plafond récent, tandis que la travée de chœur est voûtée sur croisée d’ogives ; la voûte qui couvre le bas côté nord est à liernes et tiercerons. La nef communique avec le bas-côté par de grandes arcades retombant directement sur les piles, sans chapiteaux. Les bases de celles-ci sont octogonales. L’ensemble est relativement trapu, en raison de la circonférence importante des colonnes et de leur modeste hauteur.
Le fond de l’abside est orné d’un retable à trois volets représentant le Christ et la Samaritaine à gauche, saint Martin au centre et deux saints dans la partie droite. Une Pietà a été placée sur l’autel du bas-côté.
La Sauvegarde de l’Art français a attribué une subvention de 4 726 € en l’an 2000 pour les travaux d’assainissement de la travée nord, une reprise des maçonneries du portail. Des sondages archéologiques ont été entrepris avant les travaux de drainage.
Fr. B.