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L’église de Pontarion, dédiée à saint Blaise, dépendait depuis 1259 au moins de celle de Thauron, dont elle devint une simple annexe vers 1470.

Bâtie au nord d’un château qui surveillait la voie menant de Limoges à Clermont, sa construction homogène n’est pas antérieure à l’extrême fin du XIIIesiècle. C’est, en plan, un long rectangle de 26,80 m sur une largeur de 5,80 m, pris entre deux pignons, et séparé en quatre travées régulières dont seule la dernière, à l’est, possède encore une voûte d’ogives avec un Agneau fruste à la clé.

Les supports sont des faisceaux élancés de trois très minces colonnettes, celle du centre un peu plus forte et profilée en amande, établis sur des bases moulurées portées par de hauts socles, et couronnés de chapiteaux à crochets et éléments végétaux variés sous de larges tailloirs, le tout extrêmement soigné. Un berceau de bois, qui était en place avant 1775, a remplacé les trois voûtes détruites, ce qui a pour inconvénient d’aveugler la moitié supérieure des longues lancettes en plein cintre percées dans les gouttereaux au milieu de chaque travée, et de diminuer ainsi considérablement la luminosité intérieure, qui est surtout assurée par la haute et plus large baie en plein cintre du chevet.

Á la rigueur de l’intérieur, correspond un dépouillement égal de l’extérieur, où de hauts contreforts étroits et légèrement obliques, sous le glacis abrupt en gradins, alternent avec les lancettes sans décor. Cette sévérité caractérise les églises gothiques en Haute-Marche. Seule la longue fenêtre du chevet porte colonnette à chapiteau, tore sur la voussure et archivolte, sous un pignon triangulaire isocèle. Le portail occidental, en arc brisé, largement ébrasé entre deux contreforts latéraux, est caractéristique d’une forme gothique qui s’est beaucoup déployée en Limousin, non sans monotonie. Quatre séries de deux tores de diamètre inégal, mis en relief par des gorges, sont séparées par une suite de chapiteaux à boutons floraux formant frises, de colonnettes de même diamètre et de même nombre. L’archivolte est, comme toujours, soutenue aux deux extrémités par deux visages, l’un masculin souriant au nord, l’autre, féminin, coiffé d’un touret. Le reste de la façade est aveugle, trois cordons superposés entre les contreforts d’angle scandant seuls cette haute plage nue, coiffée d’un pignon. Deux chapelles basses tardives, à la troisième travée, et diverses adjonctions, non plus que les abondantes restaurations en 1830 et 1847-61 n’ont atténué en rien l’unité de l’ensemble. Un petit clocher carré à flèche octogonale, court et couvert d’ardoise, surplombe la partie ouest de la toiture.

Tous les commentateurs ont signalé l’abondance des pierres tombales, surtout d’artisans maçons avec leurs outils, quelques-unes de chevaliers. Deux clés de voûtes déposées sont conservées dans l’église. Un retable du XVIIIes. porte, en son milieu, une peinture de Roby, cartonnier d’Aubusson, représentant saint Blaise guérissant une vache.

Une Vierge à l’Enfant polychrome du XVIIes., un saint Blaise un bois peint du XVIIIes., un tabernacle doré, constituent les éléments marquants du mobilier de cet édifice, de même qu’un tableau du peintre toulousain Antoine Rivalz, représentant l’Adoration des Mages.

En 2007, a été effectuée la réfection des couvertures et du réseau pluvial, pour laquelle la Sauvegarde de l’Art français a contribué pour 20 000 €.

 

Pierre Dubourg-Noves

 

Bibliographie :

  1. de Laborderie, Pontarion, église, Mém. Soc. Creuse, t. XXIV, p. 536-538.
  2. Lacrocq, Les églises de France, Creuse, Paris, 1934, p. 120.
  3. Andrault-Schmitt, Limousin gothique, Paris, 1997, p. 303-305.
  4. Mingaud, Églises de la Creuse, 87260 Saint-Paul, 2006, p. 188.

 

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