Plounevez-Quintin, Chapelle de Kerhir

La chapelle Notre-Dame de Kerhir, à 1,5 kilomètre au nord-ouest du bourg de Plounévez-Quintin, s’élève dans un hameau qui est situé sur une voie antique dite Hent-Gwenn (« chemin blanc ») qui allait de Carhaix vers Corseul et Alet. Le lieu a en effet été occupé dès l’époque gallo-romaine, puisque les archéologues y signalent la découverte d’une borne milliaire (aujourd’hui disparue) et d’un trésor monétaire, tous deux du iii^e siècle. On notera aussi que le culte de saint Maurice est célébré dans cette chapelle : sa statue y figure en soldat romain.

L’édifice, pour un lieu de culte rural, est imposant à la fois par sa taille (35 mètres de longueur sur 24 mètres au transept) et par le matériau de construction (appareil en pierre de taille de granit, y compris le mur nord, qui est très souvent en simple moellon). Le plan est en forme de croix latine, avec chevet plat. L’ensemble date du xvi^e s., mais succède à une construction plus ancienne qui a subi bien des remaniements, comme en témoignent un ancien arc encore visible dans la maçonnerie au-dessus de la porte en façade sud de la nef, une porte murée dont on voit l’emplacement dans le mur nord de la nef (et dont subsiste l’encadrement à l’intérieur de la nef), et une autre porte murée à l’angle du mur sud de la nef et du mur ouest du bras sud du transept. Le pignon occidental et la tour, surmontée d’une plate-forme à balustrade, d’une chambre à deux cloches et d’une flèche hexagonale ajourée, ont été refaits au xviii^e s., ainsi qu’en témoignent le style classique de la porte (arc en plein cintre entre deux pilastres, fronton cintré, niche entourée de petits pilastres abritant une grande statue de la Vierge à l’Enfant,) et l’inscription gravée sur l’entablement, précisant le nom du fabrique et la date (SEBASTIEN LE MOULLEC 1720), ainsi que le cadran solaire fixé sur la face sud de la tour, où apparaît le nom du recteur, Jean Kersivien  (F[ait] F[aire] P[ar] M[issire] K[er]SIVIEN RECT[eu]R / IHS 1728).

L’intérieur est éclairé par sept fenêtres (trois au sud, trois à l’est, une seule au nord) qui portent toutes des remplages du xvi^e s., mais dont les vitraux anciens ont disparu. Les murs sont couverts d’un enduit sur lequel ont été peintes des hermines. La charpente est cachée par un lambris dont les nombreux couvre-joints reposent sur des sablières sculptées et peintes : on peut y voir des têtes de personnages et des scènes variées, comme celle où l’on voit un homme qu’un dragon s’apprête à avaler mais qui est secouru par deux femmes, l’une d’elles agrippant l’homme par les cheveux, l’autre tirant la queue du dragon. Des entraits à engoulants consolident la construction dans la nef et les bras du transept.

La chapelle comporte trois autels en pierre : un maître-autel à l’entrée du chœur, un autel dans chaque bras du transept. Ces derniers portent des statues disposées dans un certain désordre ; d’autres statues sont simplement posées sur le sol : il y a là un risque de vol manifeste. On retiendra une sainte Madeleine (xvi^e s.), les autres datant sans doute du xix^e s., mais non sans mérite : une Vierge à l’Enfant, saint Maurice, saint Sébastien, saint Iltud.

L’état de la chapelle, récemment restaurée, est très satisfaisant. La Sauvegarde de l’Art français a apporté une contribution financière de 10 000 €, en 2009, aux travaux qui ont porté sur la maçonnerie, la charpente et la couverture d’ardoises.

Tanguy Daniel

Bibliographie :

1. Couffon, Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier, Saint-Brieuc, t. II, 1940, p. 388.
2. de Saint-Jouan, Dictionnaire des communes. Département des Côtes-d’Armor. Éléments d’histoire et d’archéologie, Saint-Brieuc, 1990, p. 545-546.
3. Duhem, Les sablières sculptées en Bretagne, Rennes, 1998.
4. Tanguy, Dictionnaire des communes, trèves et paroisses des Côtes-d’Armor, Douarnenez, 1992, p. 221-222.

Le Patrimoine des communes des Côtes-d’Armor, éditions Flohic, t. II, 1998, p. 1191.

[Illustrations]

1. Plan
2. Vue du sud-ouest
3. Le pignon occidental
4. Vue intérieure
5. Sablière sculptée de la nef