Nouvelle-Aquitaine, Creuse (23)
Pionnat, Église Saint-Martin de Tours
Édifice
Pionnat était sous l’Ancien Régime une cure dépendant de l’archiprêtré d’Anzème, au patronage de Saint-Martin de Tours. Deux vicairies furent fondées dans l’église au XVe s., l’une à l’autel de sainte Anne par les seigneurs de Chantemille, l’autre en faveur du prieuré voisin des Ternes, créé pour les Célestins, en 1338, par un personnage important, Roger Le Fort, évêque de Limoges, puis archevêque de Bourges. L’église paroissiale, sous le vocable de saint Martin, date de la seconde moitié du XIIIe siècle. Elle offre un vaisseau unique de quatre travées, sans transept, la dernière travée tenant lieu de chœur à chevet plat (long. 34 m, larg. 10,70 m). Une chapelle rectangulaire, probablement seigneuriale, fut accolée au mur nord au XIVe siècle. La petite chapelle ajoutée du même côté au niveau de la première travée et utilisée pour les fonts baptismaux est moderne, ainsi que la sacristie appliquée contre le chevet. Le vaisseau est couvert de voûtes d’ogives. Dans les trois dernières travées, le profil des branches dessine un tore aminci légèrement en amande, encadré de deux cavets surmontés de tores. Les ogives et les formerets retombent sur des colonnes engagées par l’intermédiaire de chapiteaux à feuillages stylisés. En raison du clocher qui la surmonte, la première travée est voûtée plus haut et présente des supports plus forts. Si les ogives sont de même type que celles des travées suivantes, les chapiteaux polygonaux qui les reçoivent font penser à une reprise à la fin du XIVe s., à la suite de quelque accident. Bien que son pignon ait été remonté en moellons à la fin du XIXe s., la façade occidentale, bâtie en bel appareil régulier de granit, comme tout l’édifice, et encadrée de contreforts en équerre, ne manque pas de caractère. Sa porte en cintre brisé à voussures continues est surmontée d’une baie étroite et haute, caractéristique de l’époque. Une autre de même type est percée dans le mur méridional. Les autres fenêtres de l’église ont été repercées au XVIIe et aux siècles suivants. Le clocher élevé au dessus de la première travée a été reconstruit vers 1780 et sa flèche en charpente couverte d’ardoises réparée à plusieurs reprises. Le portail principal, aujourd’hui muré, ouvrait sur le mur nord. Celui-ci a conservé sa corniche sur modillons. L’élévation nord est valorisée par la vaste chapelle du XIVe s. bâtie contre la troisième travée. Elle est munie d’une jolie porte vers l’ouest et offre à l’est une élégante fenêtre à remplage rayonnant. L’église possédait une petite châsse en émaux de Limoges qui a été déposée au musée de Guéret. Le retable en bois sculpté du XVIIe s. qui tapisse le fond du chœur est remarquable. Il s’apparente à celui du Moutier-d’Ahun. En raison de l’intérêt de l’édifice et de l’importance des travaux nécessaires, la Sauvegarde de l’Art français a accordé une subvention de 200 000 F en 1999.
J. Th.