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Dans une vallée boisée, près de la rivière de la Peyne, dans le haut-pays de l’Hérault, Notre-Dame d’Ourgas est une de ces anciennes églises dont la situation, comme le volume architectural, n’ont guère changé depuis l’époque pré-romane, c’est à dire le IXe ou le Xe s., époque où le maillage paroissial et l’implantation des lieux habités se consolident peu à peu. Le paysage est montagneux et boisé, et d’une richesse géologique évidente, puisque sur ce petit territoire coexistent des substrats calcaires et volcaniques, dont on trouvera l’écho dans les matériaux de construction. Les noms de lieu ne trahissent aucune histoire précise, autre que fort ancienne : Ourgas, comme Peyne et Pézène (qui ont la même origine, comme d’ailleurs Pézenas) sont des toponymes gaulois ou pré-celtiques dont le sens est inconnu.

Presque aucune documentation écrite ne vient jeter de lumière sur cette ancienne paroisse du diocèse de Béziers, dédiée à la Purification de la Vierge, dont l’origine doit cependant être reculée, comme l’édifice que nous avons sous les yeux, toujours entouré de son cimetière, peut en témoigner. Le procès-verbal de visite du 6 juin 1636 décrit l’église ruinée, du lierre sur les murs, un grand figuier dans la nef. Á la fin de l’Ancien Régime, en 1780, elle relevait de l’archiprêtré de Boussagues, l’un des trois que comptait le diocèse[1]. En 1965, l’abbé Joseph Giry la citait dans son étude sur Les vieilles églises à chevet carré de l’Hérault, étude qui attribuait à l’époque carolingienne une série de petits édifices à chevet plat.

L’examen de l’édifice, son plan, son échelle, et les modifications qu’il a subies postérieurement peuvent confirmer cette analyse. Le plan est en effet caractéristique : une abside presque carrée s’ouvrant sur une nef un peu plus large de trois travées (il y a un léger désaxement de l’abside par rapport à la nef). L’église n’est pas minuscule, comme le sont parfois les petits sanctuaires de cette époque, mais la nef n’a pas plus d’une dizaine de mètres de longueur. On doit penser, en tout cas, que même si l’édifice n’est pas principalement du IXe ou du Xe s., il conserve le plan de l’édifice antérieur. L’élévation et le couvrement appartiennent à un Moyen Âge plus classique : une voûte en berceau brisé retombant sur des arcades latérales plaquées contre les murs de la nef – cette voûte est bien entendu postérieure à 1636, mais les arcades sur lesquelles elle s’appuie sont plutôt du XIIe s. – et une voûte comparable sur l’abside. Celle-ci s’ouvre par un arc triomphal en tiers-point, éléments qui peuvent dater du XIVe siècle. Toutefois, aucune donnée déterminante ne vient confirmer ces datations.

La maçonnerie la plus ancienne est faite de moellons d’origine volcanique de schiste et de grès. Leur mise en œuvre est assez fruste ainsi que celle des chaînages en pierre volcanique. Une porte existait à l’ouest à une époque antérieure, remplacée par un portail au sud, contemporain des arcades des murs latéraux. Les modénatures plus tardives du chœur, arc triomphal et oculus quadrilobé, sont en grès jaune. On remarque, à l’égout du toit de l’abside, des restes d’une couverture en lauses de calcaire, restes précieux qu’il importe de conserver, et qui donnent une idée de l’aspect ancien des couvertures de l’église, du moins au Moyen Âge.

L’examen attentif réalisé sur les enduits de la nef par les restaurateurs Colette Brussieux et Christophe Guilbaud montre que l’église a toujours été très simple et peu décorée. Enduits et badigeons se succèdent, selon des phases qui suivent l’évolution de l’édifice, d’abord au Moyen Âge, puis à l’époque moderne. Notre-Dame d’Ourgas ne reçoit un vrai décor, encore que très simple, que vers la fin du XIXe siècle (le conseil de fabrique souhaite vers 1863 « rendre le culte aussi brillant et pompeux que possible »)[2].

L’édifice est aujourd’hui valorisé par les soins de l’association des Amis de Notre-Dame d’Ourgas, en liaison avec la commune. Pour des travaux d’assainissement et de réfection de la couverture, la Sauvegarde de l’Art français a apporté 7 000 € en 2006.

Olivier Poisson

 

[1] Deux autres églises du même archiprêtré ont fait l’objet d’une notice dans les Cahiers de la Sauvegarde : Sainte-Marie de Frangouille (Frangolha), à La Tour-sur-Orb, (Cahier 16, 2003, p. 176-178), et Sainte-Madeleine de Mounis, à Vieussan, (Cahier 17, 2004, p.162-163).

[2] Cf. étude réalisée par Colette Brussieux et Christophe Guilbaud, août 2005, p.6.

 

Le projet en images