Hauts-de-France, Nord (59)
Péronne-en-Mélantois, Église Saint-Nicolas
Édifice
SITUÉE à quelques kilomètres au sud-est de Lille, la commune de Péronne appartient à une petite région appelée le Mélantois qui comprend également le célèbre site de Bouvines. Aujourd’hui Péronne est englobée dans l’agglomération lilloise. L’église Saint-Nicolas a été construite postérieurement à la bataille, mais a une origine certainement plus ancienne. Placée au milieu du village, elle le domine de la haute et puissante tour de son clocher, comme bien souvent d’ailleurs dans la région des Flandres. Son plan et son élévation sont traditionnels pour le comté de Lille, avec trois nefs de hauteur semblable couvertes de toitures indépendantes à deux pans et longs chéneaux encaissés. Le chevet se compose de trois absides à trois pans, mais le chœur est plus long d’une travée entraînant une saillie vers l’est. La tour de clocher a sa façade ouest sur le même plan que les pignons des deux nefs latérales. Un important contrefort contenant une tourelle d’escalier vient rompre l’équilibre de cette façade tripartite. L’ensemble de l’édifice est éclairé à son pourtour par de larges baies à meneau central délimitant deux lancettes terminées en accolade. La partie haute est formée de rosaces chantournées et de soufflets. L’ogive est soulignée par une archivolte.
Toutes ces fenêtres sont pratiquement identiques. L’église est construite entièrement en pierres avec un soubassement en grès. L’intérieur est très lumineux, s’éclairant par les baies des nefs latérales et des absides. On trouve là l’élévation de la hallekerque traditionnelle avec les trois vaisseaux séparés par trois grandes arcades moulurées reposant sur des piles rondes à chapiteaux grossièrement sculptés de crosses à motifs végétaux. Ces trois nefs sont couvertes de voûtes lambrissées, le chœur a reçu un voûtement en pierres, agrémenté de stucs au XVIIIe siècle. Comme nombre d’édifices de la région, l’église Saint-Nicolas a été construite au XVe siècle. Elle est très homogène et témoigne d’une période faste. Si elle ne porte aucune date, les études du début du siècle rapportent qu’il existait autrefois un riche tombeau élevé dans le chœur portant l’inscription suivante: « chygist noble et vertueux homme Guille Verdiere, en son vivant sgr. de ce lieu de Peronne, de la Warwanne et fils ainé de feu messire Jean, Chlr., sgr. desdits lieux, qui nasquit le IX de febvrier de l’an 1473 et fist reddifier en son temps et restaurer cette église de fonds en comble et sy fi.na ses jours sans avoir esté marié le VII d’avril 1551. Priez Dieu pour son âme ». Le tombeau n’existe plus, mais l’inscription relevée avant sa disparition permet de dater de la première moitié du XVIe s. cette reconstruction. Cependant, les troupes françaises ont incendié l’église en 1656 et l’on en voit encore les traces à l’intérieur, notamment sur les piles dont les assises ont conservé par endroit une couleur rougeâtre. Il faut attendre les années 1684 pour que s’achève la restauration consécutive à l’incendie. Dernièrement, d’intéressantes peintures murales ont été mises au jour ; il ne subsiste pratiquement rien des scènes représentées, mais les encadrements à pilastres, frontons et amortissements en boules témoignent d’une réalisation à situer dans la période baroque de l’art flamand, la première moitié du XVIIe siècle. En 1775 et 1776, le décor du chœur et des absidioles est refait dans un style encore rocaille. Le mobilier, sans être aussi riche que dans les églises de la Flandre intérieure, offre cependant d’intéressants exemples comme la très belle chaire à prêcher du XVIIe, ornée de cariatides et de chutes de fruits, que certains ont pu rapprocher des décors des façades de la vieille Bourse de Lille. De même, doit on noter un superbe confessionnal, également baroque.
Pour la restauration du gros contrefort de façade abritant l’escalier permettant d’accéder au clocher, la Sauvegarde de l’Art français a accordé 11 434 € en 2000.
Br. S.